"Pôle de gauche" de la majorité : que cherche Emmanuel Macron ?

Emmanuel Macron, président de la République, à Bruxelles
Emmanuel Macron, président de la République, à Bruxelles ©AFP - Diego Ravier / Hans Lucas
Emmanuel Macron, président de la République, à Bruxelles ©AFP - Diego Ravier / Hans Lucas
Emmanuel Macron, président de la République, à Bruxelles ©AFP - Diego Ravier / Hans Lucas
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Il y a désormais un « pôle de gauche » au sein de la majorité. 75 personnalités ont appelé à sa création ce week-end. Et depuis, nous avons appris que tout cela était téléguidé par l’Elysée.

Nous savons grâce à L'Express que c’est le chef de l’Etat qui est à la manœuvre derrière cette tribune publiée dans le JDD. Mais l’initiative peut paraître surprenante. En effet, en poussant Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires Etrangères, Olivier Dussopt, le secrétaire d’Etat en charge de la fonction publique ou encore Roland Ries, le maire sortant de Strasbourg, en poussant tous ces ex-socialistes à mettre sur pied un pôle de gauche qui puisse rosir la macronie sans que la macronie n’en ait à rougir, Emmanuel Macron n’a en apparence que des coups à prendre. 

Il confirme, en effet, implicitement ce que lui reprochent l’opposition de gauche mais aussi une partie de la macronie, c’est à dire que le « en même temps » cher au candidat de 2017 a bel et bien viré en un « à droite toute », et qu’Emmanuel Macron est bel et bien l’incarnation du président des riches et, depuis la crise des gilets jaunes, le président de l’ordre. 

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Cela pourrait être quand même le signe avant coureur d’un nouveau cap ?

Un nouveau cap à gauche en vue de toutes les élections à venir ? Sauf que, pour attirer de nouveau ces électeurs de gauche qui ont fait la victoire de Macron en 2017, il faut des preuves d’amour. 

Or, pour les municipales, le président n’a envoyé quasiment aucun signe aux socialistes. Alors qu'Edouard Philippe et tout le pôle de droite de la macronie s’attèlent à bâtir des réseaux avec des LR ou des centristes. Quant aux plus défavorisés ? Le budget 2020 favorise les classes moyennes mais il fait sortir 1 million de personnes du dispositif des APL et il désindexe de nouveau les retraites au-dessus de 2000 euros. Si ca c’est de l’amour, c’est de l’amour vache alors !

Mais si ce ne sont pas les électeurs de gauche, qui vise le chef de l’Etat ?

Comme le confie un de ses proches, ceux qu’Emmanuel Macron vise, ce sont les abstentionnistes. Car ce n’est pas le premier tour qui intéresse le président qui, à tort ou à raison, est sûr de le remporter. Mais c’est le second tour son obsession. 

Alors pour Macron, sûr qu’il est de se trouver une fois de plus face à Marine Le Pen et à ses électeurs toujours très mobilisés, c’est la lutte contre l’abstention la clé de la victoire. Or, contrairement à 2017, l’électorat de gauche déçu aujourd’hui par celui qu’ils ont contribué à faire élire, pourrait s’abstenir massivement au second tour. Et faire ainsi indirectement le lit de Marine Le Pen. Même plusieurs dirigeants socialistes s’en inquiètent. Avec ce pôle de gauche, Macron leur envoie un signe, nécessaire sûrement mais suffisant peut-être pas. 

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