Par Jonathan Bouchet-Petersen
Officiellement, on le sait, c’est Stéphane Le Foll, hollandais historique mais ministre passablement carbonisé de l’Agriculture, qui a la charge de porter la parole du gouvernement. Mais parmi les ministres, c’est en fait Jean-Marie Le Guen qui porte le plus dans les médias celle de Manuel Valls. Sur le mode : plus la voie est étroite, moins il faut ralentir, quitte à ce qu’il y ait de la casse. Dans une équipe de rugby, Le Guen serait un avant qui va à la castagne, tête baissée…
Aujourd'hui vallsiste de choc, Le Guen a longtemps été un lieutenant de Daniel Strauss-Kahn. Quand le patron du FMI était le favori putatif de la présidentielle de 2012, Le Guen faisait partie, avec Jean-Christophe Cambadélis et Pierre Moscovici, de ses porte-paroles officieux. Des trois, il était déjà le plus frontal, le moins subtil, disent ceux qui ne l'aiment pas.
Aujourd’hui secrétaire d’Etat aux Relations (tendues) avec le Parlement, Le Guen est décrit comme «caporaliste» par de nombreux députés PS, qui dénoncent sa «gauche tape dur» . Il faut dire que l’homme, tendance macho, virilise volontiers les rapports de force politiques.
Sur la forme comme sur le fond, ce social-libéral - qui est surtout libéral - parle couramment le Valls. Avec le même goût pour le coup de menton et pour la rupture avec la gauche «ringarde» : une catégorie subjective dans laquelle figure, à leurs yeux, une bonne part des socialistes.
Et quand il s’agit de taper sur ses camarades, Le Guen y va franco, en canardant par exemple les «postures» et les «indignations faciles» de Martine Aubry contre la loi El Khomri. Ou en accusant les socialistes qui s'opposent au gouvernement de mener un «combat contre leur camp» qu'il juge «très problématique pour la gauche ».
Une gauche qui, dans son esprit, comme dans celui de Valls ou de Macron, doit en finir avec la logique rose-rouge-verte de la gauche plurielle époque Lionel Jospin… dont les ministres stars étaient autant DSK que Martine Aubry.
Le Guen est plutôt du genre à lancer dans une interview qu’il n'a pas de temps à perdre avec des questions sur EE-LV. Du genre aussi à promettre au Parti communiste qu'il n’aura plus de députés au moment de fêter son centenaire, en 2020. Mais le secrétaire d'Etat des Relations avec le Parlement se garde bien de prédire combien il restera d’élus PS à l’Assemblée après 2017.