Remaniement : « Parce que je le vaux bien » !

France Inter
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Par Marcelo Weisfreid

La perspective d'un remaniement se rapproche. Ce sera probablement cette semaine...

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Qui dit remaniement, dit nouveaux entrants au gouvernement et certains candidatsse démènent pour être nommés.

Personne ne l'avouera, mais certains font campagne en coulisses. Ils bombardent l'Elysée de SMS, par exemple au secrétaire général de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet. Ils disent qu'ils ont disponibles. D'autres jouent - à l'inverse - la carte de Matignon.

Prenez le jeune député de Seine-Saint-Denis, Razzy Hammadi. Il fait partie des socialistes qui grattent à la porte.

Avant, il était frondeur. Maintenant, c'est un soutien affiché du gouvernement. Il y a dix jours, il a obtenu un déjeuner, excusez du peu, avec le premier ministre. Est-ce qu'ils ont parlé des quartiers, de la jeunesse ? Quand on lui demande, Razzy Hammadi botte en touche. La discrétion, c'est la clé du succès.

Des noms de potentiels futurs ministres apparaissent pourtant, tous les jours, dans les journaux. Ceux dont les noms sont cités sont le plus souvent furibards. « Qui a balancé mon nom à la presse? » ; « qui me veut du mal ? » Ils le savent :la publicité, c'est un cadeau empoisonné . Tous vos rivaux vous savonnent la planche !

Alors, ce qui est étonnant dans cette histoire, c'est que les noms qui apparaissent, ils proviennent souvent de sources internes à l'Elysée ! En clair, autour de François Hollande, on s'amuse à tester des noms. Exemple : Ségolène Royal au Quai d'Orsay... On regarde comment ça réagit. Les diplomates, manifestement, ne sont pas emballés.

Cela sert aussi à brouiller les pistes. Pendant que les commentateurs pérorent, les vraies manœuvres passent inaperçues. Souvenez-vous de la surprise Myriam El Khomry au ministère du Travail !

Cette ambiance est très déstabilisante pour les ministres, c'est une vraie torture. Ils sont obligés de faire campagne, eux, pour rester au gouvernement et déminer les rumeurs.

Vendredi, j'ai reçu un SMS du cabinet de Marylise Lebranchu. La ministre est bretonne. Des Bretons, il y en a maintenant trois au gouvernement avec l'arrivée de Jean-Jacques Urvoas. Bref, elle se sent en danger.

Alors, que disait le texto ? « Tu as sans doute vu la dépêche qui donne Lebranchu sur le départ. Ce sont des rumeurs sans fondements. La ministre aborde le remaniement sereinement et continue son travail. Elle a même une réunion sur la Corse, le 16 février. »

Le 16 février, c'est après le remaniement. Car le nouveau gouvernement sera vraisemblablement annoncé en fin de semaine. C'est-à-dire après le vote ultra-risqué sur la déchéance de nationalité, dans deux jours.

Ce calendrier est diabolique. Il maintient tout le monde sous tension. Ceux qui veulent avoir une chance d'entrer au gouvernement – et ils sont nombreux –seront observés de près. Ils ont intérêt à bien se tenir !