
Médiatiquement, dimanche soir, après la fermeture des bureaux de vote, je peux déjà vous dire que ce sera un véritable séisme ! Vous pouvez être sûr que la plupart des commentateurs en feront des tonnes sur le score du Front national. Il est déjà acquis que le parti de Marine Le Pen fera son meilleur score à ce scrutin. Les derniers sondages le créditent de 23 à 24% des voix. C’est effectivement du jamais vu. Tous scrutins confondus. Lors de la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen avait pu se qualifier au second tour avec 16,8% des voix. Et aux dernières européennes, le FN avait péniblement dépassé 6% des suffrages. Les commentaires sont prêts: Le FN sera le premier parti de France !
Optiquement ce sera vrai si le FN est en tête dimanche soir. Mais politiquement c’est moins sûr. A-t-on dit en 2002 que le FN était le 2ème parti de France parce que Jean-Marie Le Pen s’était qualifié pour le second tour de la présidentielle ? Et pourtant il avait réuni sur son nom quelque 4,8 millions de voix. Parce que dès le mois de juin, les législatives ont remis les pendules à l’heure : les candidats FN ont été battus par ceux de l’UMP et du PS. Dimanche, la faible participation -on annonce à peine 40% du corps électoral- obligera tout le monde à relativiser le score des listes de Marine Le Pen.
Difficile de tirer des leçons d’un scrutin quand plus de la moitié des électeurs ne se sont pas déplacés. Mais surtout, impossible de tirer des leçons d’un scrutin qui -je l’ai déjà dit ici- ne structure pas la vie politique française. Sinon Europe Ecologie Les Verts qui ont talonné le PS en 2009 n’auraient pas réalisé 2,31% des voix à la présidentielle qui a suivi ! Sinon Charles Pasqua et Philippe de Villiers qui ont dépassé Nicolas Sarkozy en 1999 auraient eu une autre carrière politique nationale ! Sinon le PS avec Lionel Jospin n’aurait pas fait 47% des voix au second tour de la présidentielle de 1995 après que Michel Rocard a été torpillé par Bernard Tapie aux européennes de 1994, quand les deux listes avaient fait quasiment le même score (14,6 et 14,8% des voix) !
Politiquement , il va se passer des choses, parce que ce scrutin, s’il ne construit pas une carrière politique, peut en détruire . Michel Rocard a dû abandonner son poste de premier secrétaire du PS et son rêve d’être un jour candidat à la présidence de la République. Nicolas Sarkozy a dû quitter la direction du RPR et entamer une traversée du désert de trois ans.
Depuis la semaine dernière, nombreux sont ceux qui au PS et à l’UMP fourbissent leurs armes pour faire tomber des têtes. Déjà, les opposants à Jean-François Copé étaient prêts à agir au lendemain des municipales, croyant qu’elles ne seraient pas bonnes pour l’UMP. La victoire n’a fait que retarder le moment du règlement de comptes. Une UMP dépassée par le FN, c’est le prétexte rêvé pour ouvrir les hostilités.
Quant aux socialistes, si le PS n’arrive que 3ème avec un faible score, il ne serait pas surprenant que des voix s’élèvent rapidement là aussi pour réclamer à nouveau l’organisation de primaires pour préparer la présidentielle de 2017, certains commençant à trouver que François Hollande entraîne tout le monde sur le toboggan des défaites.
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