Une Valls à deux temps

France Inter
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L’avenir du premier ministre est-il lié à la réforme du Code du travail ?

Beaucoup le pensent et certains, parmi ses proches, estiment même que si cette réforme est vidée de son contenu, Manuel Valls quittera Matignon. La fierté catalane du Premier Ministre est inconciliable avec une reculade.

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Et puis, disent quelques-uns, Valls doit préserver son avenir politique. S’il veut briguer un jour l’Elysée, il ne doit pas laisser l’image de celui qui aura été à Hollande ce que Fillon fut à Sarkozy : un collaborateur, un Premier Ministre pleutre qui dit « oui, chef » quand il pense « non, chef ». Fillon en souffre aujourd’hui, Valls ne veut pas en souffrir demain.

En l’occurrence demain, ce ne serait pas 2017 – car Valls ne se présentera jamais contre Hollande – mais 2022 .

Avec l’espoir, chez lui, que la droite gagne en 2017 et que le PS aura enfin implosé.

Manuel Valls s'est exprimé lors d'une conférence sur la sécurité à Munich
Manuel Valls s'est exprimé lors d'une conférence sur la sécurité à Munich
© MaxPPP

Mais Valls est-il seulement suivi par le PS ?Sa visite au Salon de l’Agriculture a montré qu’il était moins impopulaire que le Président, mais ses soutiens sont maigres à gauche.

Aujourd’hui, Manuel Valls est un homme seul. Seul au milieu d’un PS et d’une gauche qui veulent le rendre responsable de l’échec de Hollande.

C’était tout le sens de l’offensive de Martine Aubry la semaine dernière : "trop, c’est trop".

En torpillant la réforme du Code du travail, elle voulait d’abord couper la tête du Premier Ministre. Pour elle, Valls c’est l’ennemi. Pas Hollande, qu’ils estiment condamné.

C’est lui l’incarnation d’un social-libéralisme honni d’une majorité de la gauche et qu’il faut priver d’avenir.

L’avenir de Valls n’est donc pas rose. La gauche veut sa peau, Hollande l’a cramoisi, Macron ringardisé.

La loi El Khomri va-t-elle l’achever ? L’histoire est cruelle avec ceux qui veulent toucher au contrat de travail.

Le smic jeune n’a pas porté chance à Balladur pas plus que le contrat première embauche à Villepin quand ils étaient Premiers Ministres. Valls doit y penser tous les matins en se rasant.