

Elle est journaliste. En 2017, elle avait la place de Léa Salamé lors du débat du deuxième tour de la présidentielle. Elle a animé le débat enter Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Invitée de Thomas Sotto, elle est revenue sur ce moment, et a réagi à l'écartement d'Anne-Sophie Lapix.
L’animation du débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron en 2017
Quels souvenirs gardez-vous de ce débat ? lui demande Thomas Sotto. La journaliste qui a animé ce moment raconte : « J’ai été choisie par défaut. Cela devait être Olivier Pujadas, et Gilles Bouleau. Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont considéré que deux hommes pour animer le débat, ce n'était pas possible. Anne-Claire Coudray a été retoquée par Marine Le Pen. Les deux candidats sont ensuite tombés d'accord sur le plus petit commun dénominateur : les chefs de service. »
Elle reprend : « J’ai le souvenir d'avoir eu extrêmement peur pendant les trois jours précédents, et d’avoir été excitée pendant l’émission, bien que ne pouvant pas en placer une ! Quelqu'un a calculé que sur deux heures et demie, j'avais parlé sept minutes.
Ce n'est pas exactement le numéro de journalisme le plus valorisant ! Les questions sont assez plates, mais elles doivent l'être pour permettre aux candidats de débattre. »
Elle se souvient que « Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés très tard : deux minutes avant l’antenne. Ils se sont regardés avec une espèce d’excitation dans l'œil comme deux bêtes, qui se jaugent. C'était assez tendu. Ils ne se sont pas parlés, se sont dit « bonjour », mais pas plus. J’ai tenté des blagues pour détendre l'atmosphère. Ça a été un flop intégral. Pour me calmer, j’ai essuyé la table sur laquelle je transpirais. J’ai ensuite prié, alors que je ne suis pas croyante, pour que cela se passe bien. »
Elle poursuit : « J'ai le souvenir d'être sortie du studio et d’avoir vu des gens effondrés par la violence du débat. Je ne m'en étais pas rendu compte. Mon fils m’a prévenue de ne surtout pas regarder les réseaux sociaux. Ce n’est pas l’exercice journalistique le plus gratifiant : on est entre le chronomètre et le passe-plat. Mais on a l'impression d'être présent lors d’un moment où il se passe quelque chose. Quitte à être journaliste politique, autant le faire une fois dans sa vie. »
Le choix des journalistes par les candidats
Thomas Sotto rappelle que pour le prochain débat, les deux candidats étaient d’accord pour écarter Anne-Sophie Lapix. Mais depuis quand les politiques choisissent ceux qui les interrogent, n’y a-t-il pas une forme de dérive ? Nathalie Saint-Cricq explique : « Ça a toujours été le cas pour le débat de l'entre-deux tours. Ce n'est pas parce que ça a toujours été le cas que c'est bien. On pourrait penser que dans un pays moderne, il n'y ait pas de choix.
Je trouve ridicule de retoquer une journaliste parce que les questions, et les thèmes abordés, sont tellement contrôlés que même si vous détestez l'un des deux… La marge de manœuvre est très faible.
Les thèmes et les questions
Mercredi prochain, il sera très intéressant de regarder où sera placé l’international. Si c’est le sujet par lequel le débat commence ce pourrait être favorable à Emmanuel Macron. Si on parle chômage cela favorisera aussi Macron, mais si c’est le pouvoir d'achat, c’est Marine Le Pen qui serait avantagée.
Il y a cinq ans, les thèmes sont choisis et les questions sont réécrites, de manière à ce qu'elles soient les plus plates possibles. On ne pose pas la question : « Vous êtes engagée auprès de la Russie et on vous sent proche de Poutine, et vous avez fait financer faire votre campagne par une banque russe. Comment aujourd'hui, vous pouvez justifier cela ? » Non, c'est « Quelles sont vos relations avec la Russie ? » pour ne pas risquer d'influencer le moins du monde les spectateurs.
Lors du débat à venir, il y aura une limitation des plans de coupe : vous ne verrez pas, comme vous avez pu voir il y a cinq ans, la tête de Marine Le Pen quand Emmanuel Macron parle, et réciproquement. »
"C’est le prix de la démocratie ou c'est le retour à l'Union soviétique ?" Se demande Thomas Sotto. Pour Nathalie Sain-Cricq : « Pour la réalisation, c'est l'Union soviétique, définitivement. Pour le reste, on peut se dire que c'est ce n'est pas une émission vraiment politique, c'est l'émission des candidats. Donc, la personne est là pour faire la speakerine, ou passeur de plat, et tenir le chronomètre. »
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