Dans un couvent de Barcelone… Lucia Caram, ça, c’est son nom. « Bonne sœur des tweet », c’est son surnom. Car elle affiche une passion pour les message éphémères en 140 caractères
Dans un couvent de Barcelone… Lucia Caram, ça, c’est son nom. « Bonne sœur des tweet », c’est son surnom. Car elle affiche une passion - non pas christique, c’est douloureux - disons un goût assez joyeux, pour les messages éphémères en 140 caractères. Un œil rivé sur son rosaire, un autre fixé sur tweeter, avec ferveur, elle tweete, ma soeur ; de sa cellule, elle tweete ; de ses missions, elle tweete ; et pour les vêpres, tiens, un live tweete, ce serait bien ! Notre père, tweet ; qui êtes aux cieux, tweet ; que votre nom, tweet ; soit sanctifié, tweet ; que sur la terre tweet ; comme au ciel tweet je puisse aller sur mon twitter et du clavier 100 fois tweeter.
Pardon si je me suis moquée, je crois même que j’ai manqué d’une essentielle charité… Surtout qu’en plus la nonne est bonne et sait donner de sa personne. Son compte twitter est engagé, pour les plus défavorisés. Il est carrément politique, bien plus que simplement mystique. Lucia Caram est courageuse, et même une sacrée emmerdeuse. Je vous jure Ali, ça n’est pas de moi, mais c’est bien elle qui le dit… Quand elle tweete pour l’autonomie, de la Catalogne, ça fait du bruit. Quand elle tweete pour la création, d’une banque publique, ça fout le boxon. Et quand elle tweete qu’elle aime Messie, qu’elle exhibe son amour pour lui, que ce Messie, n’est pas celui, qu’à la messe il, faut adorer, mais celui qui sur les terrains de foot est ce qu’on appelle un saint… Comment vous dire, ça fait sourire… Ca fait tweeter, même retweeter… De tweet en tweet la nonne plaît et alors d’année en année, son audience n’a fait qu’augmenter… On pourrait dire multiplier comme d’autres pour les petits pains ont fait… Ici aussi c’est un miracle, Lucia est portée au pinacle… Sur l’autel des réseaux sociaux, c’est une icône 2.0. 185 000 personnes sont abonnées à notre nonne.
Tant et si bien qu’à la télé, on finit par s’intéresser, à cette sœur étrangement geek. Bien vite elle devient médiatique. Invitée sur tous les plateaux, dans les talk shows elle prend le micro… On lui demande son avis, sur tout, sur rien. Elle le veut bien. C’est donc tout naturellement, qu’une émission de divertissement, lui demande de venir s’exprimer sur des questions de sexualité. Lucia Caram sans hésiter est venue rejoindre la tablée, d’experts plus ou moins patentés. Elle dit que Joseph et Marie s’aimaient d’un amour non transi et que comme tous les couples font, ils ont consommé leur union. Que selon toute vraisemblance, ils avaient une sexualité. Que l’Eglise a voulu cacher parce qu’elle en était effrayée. Qu’elle a dit que le sexe c’est mal, et que le plaisir, c’est sale. Mais que l’église s’est trompée : Evangile mal interprétée. Toute l’assistance est médusée, mais sœur Caram sur sa lancée, poursuit une lecture personnelle des textes les plus officiels. Le sexe est une belle façon, dit-elle, d’exprimer toute son affection. Le plaisir est une dimension de l’être humain, sa condition le pousse à jouir de la chair, c’est une pulsion mais c’est la vie, alors c’est une bénédiction.
Bénédiction pour la télé : gros succès d’audience assuré. La nonne super cathodique déclenche une méga polémique. Pour Saint-Audimat, elle explose, mais « doux Jésus, comment elle ose ?! », s’écrit l’évêque de Barcelone. Devant son écran, il s’époumone, fait le signe de croix, une fois, dix fois. Le lendemain il crie au scandale, car c’est un point fondamental qui vient ici d’être attaqué. L’inaltérable virginité, de Marie est incontestée, rappelle le communiqué, tout droit sorti de l’Evêché. L’Espagne la très catholique, demande des excuses publiques. La conférence épiscopale juge le cas problématique… Des propos qui viennent salir la pureté du message christique. Sur internet une pétition réclame l’excommunication, de la nonne qui n’en revient pas, d’avoir créé cette tempête là. Tout de suite elle demande pardon à ceux qu’elle a pu offenser. Elle se dit prête à dialoguer, elle les appelle à la raison. Rappelant sa fidélité à l’Eglise, sa virginité, elle jure qu’elle-même est abstinente, et que rien de tout cela ne la tente. Mais elle finit par ajouter, qu’elle est tout de même préoccupée, de voir tant de gens ignorer, de l’acte sexuel, la beauté. Face à toutes les menaces de morts, qu’elle a reçues, elle dit que Jésus était amour - t’en souviens-tu ? - et que la haine ne l’atteint plus. Et Jésus qu’en a-t-il pensé ? Allez voir, allez vérifier. Peut-être bien qu’il a twitté.
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