La déportation méthodique des juifs de France pendant la seconde guerre mondiale, s’est évidemment accompagnée du pillage systématique de tous leurs biens, notamment culturels. Cette spoliation s’appuyait à partir de 1941 sur une base légale du droit français.
On estime à 100 000 le nombre d’œuvres d’art volées envoyées en Allemagne. Environ 2 000 n’ont pas encore retrouvé leurs propriétaires. Les chiffres sont encore plus incertains pour les livres, volés par millions ou les instruments de musiques, par dizaines de milliers.
Rendre ces objets, c’est bien sûr faire œuvre de justice, mais aussi de mémoire, afin que les familles des disparus puissent connaitre toute leur histoire. Des historiens, des avocats, des généalogistes s’impliquent dans cette quête. Et il y a deux ans, la France a relancé sa politique de restitution. Une Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 a été créée.
On a beaucoup parlé récemment de la restitution des « Rosiers sous les arbres », la seule toile de Gustave Klimt jusqu’alors propriété d’un musée français. En l’occurrence, les ayants droits sont autrichiens.
Pour établir la provenance des tableaux ou objets d’art, il faut que des spécialistes se livrent à de véritables enquêtes à travers le temps.
Les restitutions donnent souvent lieu à de spectaculaires et émouvantes cérémonies, mais pas systématiquement. Delphine Evenou a par exemple pu assister, chez un généalogiste, Antoine Djikpa à une restitution plus intime. La célèbre maison d’enchères Christie’s a rendu à Francine, la petite nièce de l’avocat et grand collectionneur Armand Dorville, spolié pendant la guerre, un dessin d’Auguste Raffet, célèbre peintre du 19ème siècle. Un évènement rare, chargé d’histoire et d’émotion.
Les familles en quête des biens de leurs aïeux finissent presque toutes par croiser la route d’Emmanuelle Polack. Historienne de l’art, autrice d’une thèse sur le marché de l’art pendant l’occupation, elle travaille actuellement pour le Louvre. Le musée souhaite faire la lumière sur la provenance de ses acquisitions entre 1933 et 1945. Une période pendant laquelle, les ventes d’art ont continué, y compris à l’hôtel Drouot, temple des enchères parisiennes depuis 170 ans. Il vient d’ouvrir ses archives aux conservateurs du musée.
"Chercheurs de mémoire, en quête des biens spoliés", c’était un reportage de Delphine Evenou. Prise de son, Benjamin Thuau et Yves Le Hors. Mixage Régis Nicolas. Réalisation, Hélène Bizieau assistée de Martine Meyssonnier. Documentation, Éléonore Lanoë.
Pour aller plus loin
- Emmanuelle Polack, l’Indiana Jones des tableaux spoliés Le Point, 13/03/2021
- L’appréhension judiciaire de la spoliation des œuvres d’art The Art Newspaper, 17/04/2020
- « Les Marchands d’Hitler » : le sombre héritage de Cornelius Gurlitt Le Monde, 18/10/2018
- « Des traces subsistent dans les registres… » Biens culturels spoliés pendant la Seconde guerre mondiale : une ambition pour rechercher, retrouver, restituer et expliquer Rapport remis à Françoise Nyssen, ministre de la Culture, par David Zivie, 02/2018
- Spoliations juives: Élizabeth Royer-Grimblat, chercheuse de tableaux Le Figaro, 18/03/2014
- Œuvres culturelles spoliées ou au passé flou et musées publics : bilan et perspectives Rapport de la sénatrice Corinne Bouchoux, janvier 2013
- Le musée disparu. Enquête sur le pillage d'œuvres d'art en France par les nazis Hector Feliciano, 03/2012
- À qui appartenaient ces tableaux ? Catalogue de l’exposition, Musée d’art et du judaïsme, 2008
- Images d'un pillage - Regards sur la spoliation des Juifs à Paris Genèses 2010/1 (n° 78)
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