Nés dans le mauvais corps : la délicate prise en charge des ados trans

Une pancarte brandie lors de la Gay Pride à Paris, le 25 juin 2022.
Une pancarte brandie lors de la Gay Pride à Paris, le 25 juin 2022. ©AFP - Anna Margueritat / Hans Lucas
Une pancarte brandie lors de la Gay Pride à Paris, le 25 juin 2022. ©AFP - Anna Margueritat / Hans Lucas
Une pancarte brandie lors de la Gay Pride à Paris, le 25 juin 2022. ©AFP - Anna Margueritat / Hans Lucas
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En Europe, de plus en plus d’adolescents souffriraient de dysphorie de genre. Face à ce phénomène, parents, médecins et psychiatres sont partagés sur les méthodes à suivre pour accompagner au mieux ces enfants, souvent en grande souffrance psychologique.

La dysphorie de genre, c’est le sentiment d’inadéquation entre son genre de naissance et celui auquel on s’identifie. Cela concernerait aujourd'hui de plus en plus d'enfants et d'adolescents qui souhaitent faire leur transition et changer de genre. C'est ce que constate en Suède, Mikaël Landen, chef du département de psychiatrie et de neurochimie à l'université de Göteborg : "Avant il s’agissait d’un phénomène très rare. Nous avions un, deux, peut-être trois enfants par an qui demandaient des soins pour une dysphorie de genre en Suède. Mais quelque chose s’est produit autour de 2010. J’ai calculé que l’augmentation était de 2 300 % ou quelque chose comme ça“.

Comment accompagner ces mineurs ? Faut-il aller vite, quitte à empêcher la puberté par la prise de médicaments, ou au contraire, faire preuve de plus de prudence pour éviter tout regret ? En Suède, l’un des premiers pays à avoir autorisé le changement de genre en 1972, des voix s’élèvent. Que ce soit dans le gouvernement ou au sein des autorités de santé, on s’interroge sur la nécessité d’avoir désormais un encadrement plus strict pour les mineurs qui souhaitent faire leur transition.

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"Aujourd'hui, je suis en contact avec d’autres dé-transitionneurs, comme moi. Nous avons l’impression que nous avons subi une sorte d’expérimentation parce que le système de santé n’a pas de données. Ils ne connaissent pas les impacts à long terme. Rien. Les médecins n'auraient jamais dû me permettre de me lancer là-dedans", témoigne Johan, une suédoise qui a fait sa transition pour devenir un homme il y a maintenant plusieurs années et qui le regrette aujourd'hui.

Les associations trans, elles, dénoncent une régression des droits obtenus de longue lutte et un abandon à leur souffrance des enfants et adolescents concernés. "Bien sûr nous sommes inquiets. C’est toute l’idée d’aider des jeunes à vivre en accord avec leur genre ressenti qui est remise en question par tant de gens", explique Ann-Christine Ruth, présidente de Transammans, la plus grande organisation suédoise pour les personnes transgenres et leurs alliés.

En France, très rares seraient celles et ceux qui veulent dé-transitionner, c'est-à-dire revenir en arrière. L’Académie de médecine a toutefois récemment appelé à faire preuve de la plus grande prudence. Ce qui inquiète Maryse, maman d'un enfant qui a entamé sa transition : “A 10 ans, je me souviens d’une fois où il a beaucoup pleuré. Il m’a dit : "Maman tu te rends compte, je vais devoir attendre mes 18 ans pour être ce que je suis.” Il me dit : “huit ans, c’est long quand même”. Je me suis dit moi mon gamin il va se foutre en l’air".

Selon la communauté scientifique, environ 1 % de la population française serait concernée par la transidentité.

"Nés dans le mauvais corps : la délicate prise en charge des ados trans"

Reportage : Julie Pietri.

Prise de sons : Frédéric Cayrou, Jérémy Tuil, Laurent Macchietti et Thomas Robine.

Réalisation : Jérôme Chelius, assisté de Martine Meyssonnier

Pour aller plus loin

Parcours de transition des personnes transgenres - Note de cadrage de la Haute autorité de santé (HAS), 07/09/2022

Le cheminement des familles de jeunes transgenres, de la sidération au "non-sujet" - Le Monde, 05/12/2022

La psychiatrie se mêle-t-elle trop des parcours de transition de genre ? - Slate, 03/01/2022