

L'Afghanistan s’enfonce dans une crise économique et humanitaire majeure. Le pays ne survivait que grâce à une aide internationale massive, suspendue depuis la prise de pouvoir des talibans le 15 août dernier, Aujourd'hui 20 millions d’Afghans sont menacés de famine.
Les prix des denrées alimentaires se sont envolés. La monnaie afghane s’est effondrée. L’essence est devenue inabordable. Les coupures d’électricité sont régulières. Et les fonctionnaires ne sont plus payés.
Il y a 6 mois, le 15 août dernier, Kaboul, la capitale, tombe sans résistance aux mains des talibans, ces fondamentalistes religieux qui ont fait aujourd’hui de l’Afghanistan un Émirat islamique. Les talibans qui dirigeaient le pays de 1996 à 2001 reprennent le pouvoir, mettant fin à une parenthèse de 20 ans.
Depuis, dans ce pays qui ne survivait que grâce à une aide internationale massive, représentant jusqu'à 80% de son budget annuel, 20 millions d’Afghans sont menacés de famine, soit la moitié de la population. L’O.N.U., par la voix de son secrétaire général Antonio Guterres, réclame à la communauté internationale une aide exceptionnelle de 5 milliards de dollars. Jamais l’O.N.U. n’avait fait une telle demande pour un seul pays…
Mais cette aide financière, et une éventuelle reconnaissance internationale, sont les deux seuls leviers sur lesquels les pays occidentaux peuvent agir pour tenter de dissuader les talibans de mettre en place un régime aussi dur qu’il y a 20 ans. Les obliger à respecter l’amnistie générale promise aux anciens employés d’ONG internationales, d’institutions gouvernementales ou aux membres des forces de sécurité. Les obliger aussi à garantir le droit des femmes.

Car la répression est déjà bel et bien en place. Arrestations, disparitions, homicides. Et des atteintes aux droits des femmes les plus fondamentaux : se déplacer, travailler, s’instruire. Les femmes sont interdites de travail, les filles d'école. La situation soi-disant est provisoire, en attendant, disent les talibans, de pouvoir garantir leur sécurité, et d’aménager les locaux pour une séparation stricte des hommes et des femmes. L’enseignement est donc aujourd’hui clandestin, avec les risques que cela suppose… À Hérat, même l’accès au Hammam est interdit aux femmes. Ce qui revient à priver du minimum d’hygiène toutes celles dont les foyers n’ont ni eau ni sanitaires. Les militantes des droits des femmes sont victimes d’attaques, d’intimidations, d’arrestations arbitraires.
S’ils s’en défendent, des rapports de l’O.N.U. accusent aussi les talibans d’avoir tué plus d’une centaine d’anciens proches du gouvernement et des forces de sécurité afghanes. Depuis leur prise de pouvoir, ils sillonnent les rues de Kaboul, mettent en place des Check Points. Sous couvert de maintien de l’ordre, ils recherchent tous ceux qui travaillaient pour l’ancien régime, pour les troupes étrangères, et les anciens policiers qui aujourd’hui se terrent pour leur échapper.
« L'Afghanistan entre la faim et la peur » Un reportage de Vanessa Descouraux. Réalisation, Jérôme Chelius assisté de Martine Meyssonnier. Documentation, Sabine Bonamy.
Pour aller plus loin
Régime ONU "Afghanistan/Taliban" issu de la résolution 1988 (2011) du CSNU - Règlement UE 2011/753
En Afghanistan, la pluie ne tombe plus, la famine guette, Reporterre, 13/01/2022
"Je dois soutenir ma famille" : la crise économique en Afghanistan affecte aussi les réfugiés afghans en France, Info Migrants, 30/12/2021
Afghanistan : les talibans ont préparé un budget, le premier depuis 20 ans sans aide internationale, La Tribune, 18/12/2021
En Afghanistan, l’hyperinflation porte un coup à l’économie déjà exsangue, Courrier international, 16/12/2021
Afghanistan : la crise économique nourrit l’extrémisme, avertit l’ONU, La Presse, 17/11/2021
L'Afghanistan est aux portes d'une pauvreté généralisée, Swiss Info, 13/09/2021
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