

La discipline sera au programme des Jeux Olympiques de Paris l’an prochain, avec un parc urbain place de la Concorde, des sponsors, une équipe de France. Le monde du hip hop change, rapidement. Au risque de perdre son âme.
- Tony Estanguet Athlète français
C’est un coup de peinture fraîche, sur les épreuves séculaires des Jeux olympiques, un coup médiatique, aussi, pour attirer l’attention des jeunes. "En allant chercher des sports comme le breakdance, et le skateboard, on va chercher des sports qui cartonnent et que les jeunes regardent", expliquait Tony Estanguet, le président du comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, en
août 2021. "Ce sont des sports qui apportent une vraie dimension très spectaculaire et différente des sports qui sont déjà au programme".
Le Breakdance, né dans les rues du Bronx, a New York il y a exactement 50 ans, se structure. Bien sûr, le principe reste le même. Les danseurs continuent de s’affronter dans des battles, des défis, ils improvisent toujours des figures, sur des musiques qu’ils ne connaissent pas à l’avance. Mais ils sont désormais affiliés à la fédération française de danse. Avec une équipe nationale, des entraîneurs, des directeurs techniques, des préparateurs physiques. Et un engouement inédit.
"Avant, on avait beaucoup de gens qui baignaient dans le hip-hop", explique Abdel Chouari, 38 ans, "mais maintenant, les gens qui sont attirés ne viennent pas forcément de cette culture". Celui qui a été 4 fois champion du monde transmet aujourd’hui le breakdance à près de 200 élèves à Toulouse. Et pour lui, les JO vont permettre aux écoles et aux associations de se développer.
Et ce n’est pas qu’une question d’image. Les Jeux olympiques coïncident aussi avec l’arrivée de sponsors. Avec des marques de vêtements, de boissons. L’une des grandes banques française finance même désormais les activités de sept sportifs, catégorie Breakdance. Si cette manne financière est la plupart du temps bien accueillie, l’institutionnalisation - de la discipline - est loin de faire l’unanimité. "Ça dénature le hip-hop, c’est trop académique, c’est trop institutionnel, trop sportif", lance Youval, l'un des pionniers de la discipline, qui précise : "c'est une culture qui est violente. Montre qu’on doit te respecter, sinon t’es un mec qui danse, mais t’as pas d’histoire".
Conserver l’aspect artistique, social, du breakdance, tout en visant les podiums, voilà l’enjeu pour ces danseurs. Ces Bboyzs et Bgirls, réunis pour les meilleurs d’entre eux il y a quelques semaines au Palais des sports de Paris, devant 5 000 personnes, presque 2 fois que lors de l’édition précédente.
Breakdance, de la rue aux Jeux Olympiques.
Un reportage de Vanessa Descouraux
Réalisation Jérôme Chélius assisté de Martine Meyssonnier
Mixage Marie Lepeintre
Pour aller plus loin :
C'est quoi le breakdance ?, Guillaume Eradel, Edilivre, 2015
10 B-boy Battles qui ont changé le cours de l’histoire du Break + Bonus, Notonlyhiphop, 22/03/2020
Sur TikTok, Arte explore les origines du breakdance dans “Viens on danse”, Télérama, 18/10/2021
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