

A Madagascar, deux années consécutives de sécheresse provoquent aujourd'hui une famine sans précédent dans la région semi-aride du Grand-Sud de l'île. Un million et demi d'habitants sont menacés.
Il s’agit, selon le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unis, de "la première et seule famine liée au changement climatique aujourd’hui sur Terre".
Nous sommes à Madagascar, ancienne colonie française, indépendante depuis 1960.
Plus précisément dans la région semi-aride du Grand Sud de l’île.
Il y a malheureusement d’autres famines dans le monde, mais toutes sont liées à des conflits ou des guerres civiles.
Dans cette région du sud, grande comme deux fois la Suisse, 80% de la population dépend de l’agriculture, et donc des pluies.
Un million et demi d’habitant sont menacés, c’est la moitié de la population du secteur. Dont 300 à 400.000 sont déjà obligés de vendre leurs biens, leur terre ou leur habitation pour acheter à manger.
Les enfants, entre 6 mois et 5 ans sont en première ligne et souffrent pour beaucoup de malnutrition sévère, dont on sait qu’elle peut conduire à des retards de développement, physiques et cérébraux.

Voilà donc un des pays les plus pauvres de la planète, qui contribue le moins au dérèglement climatique, première victime des hausses de température et des baisses de pluviométrie.
Mais la réalité est plus complexe. Si on dit d’elle qu’il s’agit de la première famine climatique, dans cette région du Grand Sud, la sécheresse et la faim sont récurrentes depuis plus d’un siècle. Et pêle-mêle, l’inaction de l’Etat, la déforestation, la corruption à grande échelle, mais aussi la crise sanitaire du Covid, ont largement contribué à cette situation dramatique. Dans ce Grand Sud, cette province du bout de l’île, les routes ne sont que des pistes souvent impraticables, en particulier pour les camions des ONG. Les villages sont isolés. On manque d’écoles, d’hôpitaux. D’eau. De tout. Et la plus grande peur serait de vivre une 3ème année sèche.
On parle de famine climatique, mais c’est un raccourci. Ou un moyen d’attirer l’attention et d’appeler à l’aide. Les défaillances de l’Etat malgache sont tout aussi responsables de la situation. Il est même accusé d’avoir abandonné ce Grand Sud. Pour compenser, le gouvernement a promis de grands investissements. 141 projets au total. La réfection de la nationale 13, principale artère économique de la région, des soutiens à l’agriculture, la construction de centres de santé de proximité. Et puis, un pipeline de transport d’eau pour approvisionner la région de l’Androy. Une infrastructure de 70 km, qui permettrait d’arroser 2.000 hectares de terre, de fournir de l’eau à 60 localités.
Aujourd’hui donc, c’est l’aide humanitaire massive, du Programme Alimentaire Mondial, du Programme des Nations Unis pour le Développement, de l’UNICEF, de Médecins sans Frontières, d’Action contre la Faim qui permet à la population de subvenir à ses besoins. Ou encore d’autres ONG qui dispensent des conseils pour des cultures plus résilientes.
Madagascar : la famine est-elle une fatalité ?” Un reportage de Rémi Brancato. Prise de son Alexandre Abergel. Réalisation Jérôme Chélius assisté de Martine Meyssonnier. Mixage Cédric Chatelus. Documentation Eléonore Lanoë.
Pour aller plus loin
Comment le changement climatique a contribué à la crise alimentaire à Madagascar The Conversation, 04/10/2021
Les famines liées au changement climatique se multiplient dans le monde Reporterre, 02/07/2021
« Pour éradiquer la famine dans le sud de Madagascar, il faut d’abord s’attaquer à la sécheresse » Le Monde, 18/06/2021
Le changement climatique a fait baisser de 21 % la croissance agricole mondiale depuis 1960 Agence ecofin, 02/04/2021
Les catastrophes liées aux changements climatiques constituent une menace majeure pour la sécurité alimentaire Rapport de la FAO, 19/03/2021
Agriculture, Alimentation et Réchauffement Climatique Bruno Parmentier, 2018
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