Fin décembre 2019, Carlos Ghosn quittait le Japon pour rejoindre le Liban. Matthieu Suc, journaliste à Médiapart et auteur du livre "Renault, nid d'espions" paru chez Harper Collins, revient sur la fuite de l'ex-PDG de Renault-Nissan, "digne d'un scénario de film hollywoodien".
- Matthieu Suc Journaliste et auteur des livres "Femmes de djihadistes", ed. Fayard ; "Renault, nid d'espions", ed. du Moment.
Selon Matthieu Suc, Carlos Ghosn a toujours été "parano", persuadé d'être espionné. Il a lui-même eu recours aux barbouzes, avant de fuir le Japon pour échapper à la justice en décembre 2019.
"Le roi de la com' et des contrevérités"
"Avec Carlos Ghosn, on nous avait vendu un rêve, celui du petit PDG français, le numéro un de l'automobile mondiale, qui donne des leçons aux Etats-Unis et au Japon", explique Mathieu Suc.
Mais la réalité nous montre bien autre chose : des vagues de suicides au techno-centre et sur plusieurs sites de Renault quand Carlos Ghosn essaye de changer les méthodes de travail à son arrivée, des salaires dissimulés et des salariés injustement accusés d'espionnage, puis licenciés.
Carlos Ghosn dépense beaucoup d'argent pour des agences de communications, comme lors de sa conférence de presse au Liban le 8 janvier 2020 où pas moins de quatre agences de presse étaient présentes, rappelle Matthieu suc: "Il vend une image et tord la réalité."
Carlos Ghosn, victime de lui-même ?
Selon le journaliste, la fuite de Carlos Ghosn au Liban est un "aboutissement logique" de tout ce qu'il essayait de faire depuis quelques années, motivé par "la très haute idée qu'il a de lui-même".
Il est persuadé d'être le meilleur. Il doit donc être rémunéré en tant que tel. - Matthieu Suc
L'impunité au nom de l'argent
Parce qu'il a des millions, Carlos Ghosn organise sa fuite pour se soustraire à la justice d'un Etat de droit. - Matthieu suc
La fuite de l'ex-PDG de Renault-Nissan, digne d'un scénario de roman d'espionnage, suscite beaucoup de fantasmes. Mais comme le précise Matthieu Suc, elle dit aussi "quelque chose de notre ère du temps".
En temps normal, les exfiltrations, bien qu'illégales et clandestines, sont dévolues aux Etats. Mais ici, c'est un PDG qui est exfiltré. Le journaliste analyse donc la fuite de Carlos Ghosn comme une généralisation de la "privatisation des moyens régaliens des Etats au profit des plus riches, des plus puissants".
- Renault, ni d'espion par Mathieu Suc, aux éditions Harper Collins. Réédition en poche à paraître en novembre.
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