La Esmeralda de "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo : le romantisme au féminin

La Esmeralda de "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo ici dans l'adaptation de Jean Delannoy
La Esmeralda de "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo ici dans l'adaptation de Jean Delannoy ©Getty - Sunset Boulevard / Contributeur
La Esmeralda de "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo ici dans l'adaptation de Jean Delannoy ©Getty - Sunset Boulevard / Contributeur
La Esmeralda de "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo ici dans l'adaptation de Jean Delannoy ©Getty - Sunset Boulevard / Contributeur
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Guillemette avait envie d'attaquer ce merveilleux début d'année en vous présentant une amie qui la bouleverse toujours autant par sa farouche liberté et son altruisme : la Esméralda.

L'héroïne au cœur de "Notre-Dame de Paris", le roman de Victor Hugo, ou plutôt "la Esméralda" comme l'écrit Hugo, cette toute jeune bohémienne qui, dès les premières pages du livre, sidère la foule en dansant. Légère et joyeuse, elle ne sent pas le poids de la fatalité qui, déjà, la condamne. Elle ne sent pas le regard de folle convoitise de Claude Frollo, l'archidiacre qui n'aura de cesse de la harceler avec ce schéma binaire et éternel "où tu te donnes à moi, où tu péris".

La divine brune, avec sa carnation aux reflets dorés, dense, tourne et tourbillonne dans sa robe bariolée sur un vieux tapis de Perse jeté négligemment sous ses pieds, au milieu du cercle sombre que la foule a formée autour d'elle. Pendant un moment de fête païenne, c'est une jeune beauté de 16 ans qui vole la vedette à la cathédrale. Notre-Dame de Paris, c'est elle, la gitane sans entraves et sans papiers. Hugo la décrit comme "une surnaturelle créature". Non, Victor, si je peux me permettre, c'est au contraire une femme au comble du naturel, avec sa farandole de désirs et de secrets.

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Comme le rappelle Gina Lollobrigida dans l'adaptation de "Notre-Dame de Paris" de Jean Delannoy, "une femme n'a qu'à convoquer ses souvenirs pour sidérer en public". Alors, bien sûr, dans l'imaginaire collectif, Esméralda est la femme convoitée par Frollo, par le soldat Phébus et de manière plus chaste, par Quasimodo. Mais avant tout, elle est la jeune fille qui dit non, même si cela la mènera à la potence. Elle est aussi la bienveillante qui aide son prochain envers et contre les dangers. Pierre Gringoire, le poète sans le sous qui a assisté à la Fête des fous et qui a suivi Esmeralda dans la cour des miracles, un coupe gorge dans lequel il se retrouve en fâcheuse position, Esméralda, à ce moment-là elle lui sauve la vie en le prenant pour mari. Attention, un mariage blanc mais elle ne se donne pas à lui.

Quasimodo est condamné à deux heures de pilori. Qui lui donne à boire en faisant preuve de compassion ? Esméralda. Pourtant amoureuse bien naïvement de Phébus, qui est loin d'avoir la noblesse du personnage de l'adaptation de Walt Disney, d'abord, elle se refuse à ce capitaine. Si elle savait qu'en plus que celui-ci a accepté en échange d'argent, que Frollo les regarde faire l'amour… Et condamnée à mort pour sorcellerie, évidemment comme chaque fois qu'une femme est trouvée désirable, Esméralda, là encore, repousse Frollo, qui est prêt à l'épargner si elle se donne à lui.

L'une des grandes victimes de la littérature ?

Oui et non. Esméralda est la beauté dont tous veulent abuser. Mais qui se frotte à un coeur pur, finit par s'y brûler. Je ne vous dis pas comment finissent Frollo et surtout le bouleversant Quasimodo si vous n'avez jamais lu le roman et que vous croyez au happy end de Disney. Mais même Phébus sera puni.

Quant à mon Esméralda, elle contribua de manière posthume à un autre sauvetage. Alors que la cathédrale, édifiée sur deux siècles mais très délabrée, était menacée d'être abattue, le triomphe du roman de Victor Hugo en 1831, lui évita la destruction et sa beauté fut restaurée. Comme quoi, le romantisme au féminin peut abattre des montagnes et il peut aussi reconstruire des cathédrales.

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