"La mort de Marat" de David - Fallait-il trainasser dans sa baignoire pendant la Révolution ?

Mort de Marat (La Mort de Marat), de Jacques-Louis David, 1793, 17ème siècle, huile sur toile, 165 x 125 cm Belgique, Bruxelles, Musées Royaux d'Art et d'Histoire
Mort de Marat (La Mort de Marat), de Jacques-Louis David, 1793, 17ème siècle, huile sur toile, 165 x 125 cm Belgique, Bruxelles, Musées Royaux d'Art et d'Histoire ©Getty - Sergio Anelli / Portfolio Electa / Mondadori
Mort de Marat (La Mort de Marat), de Jacques-Louis David, 1793, 17ème siècle, huile sur toile, 165 x 125 cm Belgique, Bruxelles, Musées Royaux d'Art et d'Histoire ©Getty - Sergio Anelli / Portfolio Electa / Mondadori
Mort de Marat (La Mort de Marat), de Jacques-Louis David, 1793, 17ème siècle, huile sur toile, 165 x 125 cm Belgique, Bruxelles, Musées Royaux d'Art et d'Histoire ©Getty - Sergio Anelli / Portfolio Electa / Mondadori
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Il y a 225 ans, presque jour pour jour, le samedi 13 Juillet 1793, Marat disparaissait dans sa baignoire. L'eau était-elle encore tiède ? Avait-il pensé à se savonner derrière les oreilles ?

Marat, tu dors ? 

Une chaleur crasse régnait paraît-il ce samedi 13 juillet 1793. Vers les 19h30, 20h, un homme, tout doucement, entrait dans sa baignoire... 

Fondu au noir : Marat au premier plan, torse nu, repose dans sa baignoire. Et comme si, écrasé de fatigue, il se délassait, il a laissé rouler sa tête, là, dans le creux de l’épaule. 

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"Marat tu dors ?" Rien, il ne répond pas. 

Un linge blanc enroulé sur la tête recouvre ses oreilles, de petits cheveux châtains sont collés sur le front, comme un enfant tout plein de grâce, alangui par un coup de soleil, innocent, vulnérable, tendrement il se fait cajoler par les doux bras de Morphée. 

"Mara, tu dors ?" Rien, il ne répond toujours pas.  

Marat avait les pommettes saillantes 

Le long bras de Marat pend hors de la baignoire. La plume est restée dans la main, plus haut un encrier, autour deux trois papiers,  il y a quelques secondes encore, Marat sans s'arrêter, griffonnait quelques notes. 

On sent de la lumière, un peu, qui vient du haut, elle glisse sur l'avant-bras, les épaules, le visage : tiens, c'est cocasse, ses yeux, on dirait deux amandes beiges, et dites-moi, mais vous saviez-vous, que Marat avait les pommettes saillantes ?

Sur le billot de bois tout en bas on peut lire : « A Marat, David. » 

A Marat. A Marat ? Mais à Marat quoi ? De sa main gauche, il tient une lettre : 

Citoyen, il suffit que je sois bien malheureuse pour avoir droit à votre bienveillance

Son couteau tombé à terre, Charlotte Corday vient de sortir, après avoir frappé Marat à la poitrine, le sang a coulé dans le bain. Depuis, l'eau tiède est devenue froide, dommage, il était bien beau tout de même … Enfin, sur le tableau.

Émouvoir et faire pleurer dans les chaumières

De tous les héros de la Révolution, Marat, le jacobin, le journaliste, « l'ami du peuple », bien que très controversé, reste celui qu'on préfère et c'est à n'en pas douter doute grâce à la peinture de David.  

David ne peint pas Marat, il compose une image politique, une piéta laïque pour émouvoir et faire pleurer dans les chaumière mais attention avec une dignité toute républicaine. 

La pompe des Césars, le faste d'antan a perdu sa magie, la magnificence n'étonne plus : le peuple sait désormais ce qu'a coûté Versailles et tout l'or des cardinaux. 

Dans les lavoirs, on a appris à lire ; les boutiquiers, les artisans, les esclaves, les canailles ont renversé leurs maîtres. 

Marat dialogue avec l'invisible 

L'ancien monde déchu, que reste-t-il ? L'horizon libre, l'espace vide. David choisit le dépouillement le plus absolu, la ligne est simple, mieux encore, elle est idéale. 

Nu comme un héros de l'Antiquité et surtout débarrassé de sa légendaire laideur, Marat ne souffre pas, et joli comme un astre, il esquisse un sourire. 

Toute la partie haute du tableau est dégagée, c'est un vide sacré, absolu, métaphysique, le corps de Mara dialogue avec l'invisible, transmué, c'est un monument d'éternité.  

La veille de sa mort, David et Marat se sont rencontrés 

« Mon ami, vous prendrez bien une petite tasse de thé ?» 

« Oh si j'osais, n'auriez-vous pas plutôt une belle tranche de pâté ? ». 

« Thé ou pâté ? » soupira Marat, « tiens, j'ai peut-être le titre de mon article de demain ». 

Heureux, il alla s'enfermer dans sa salle de bain, où, depuis, il est resté coincé, les gars, déconnez pas, si vous avez trouvé la clé, pensez à la lui rapporter, il réside, là-bas, à Bruxelles dans une salle des Musées Royaux, pas sûr qu'il soit réveillé, mais tout à fait entre nous, s'il se mettait à bouger, plutôt étonnant ce serait !

Marat est partout !