Carrez et les exilés

France Inter
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Vers 19 heures hier soir, la situation faisait encore sourire Gilles Carrez: "dans ma section UMP, dans le Val de Marne, raconte-t-il au téléphone, c'est l'égalité parfaite entre François Fillon et Jean-François Copé!". Ce matin, il n'a, sans doute, plus envie de sourire. Hier soir évidemment, ce n'est pas "pour ça" qu'on l'appelait, mais pour cette information lue dans le Journal du Dimanche, quelques heures plus tôt. Gilles Carrez, président UMP de la Commission des Finances à l'Assemblée nationale, révèle le JDD, vient d'écrire aux ministres de l'Economie et du Budget, Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac, pour leur demander de publier toutes les données en leur possession permettant de savoir combien de contribuables quittent la France, pour échapper aux impôts. La question est ancienne, récurrente, dans la vie politique française mais elle revient avec accuité, depuis plusieurs semaines, depuis plusieurs mois, les notaires, les avocats, les conseillers fiscalistes assurant être "débordés" depuis l'élection de François Hollande. Par dizaines, leurs clients viendraient préparer leur départ de France, se sentant accablés, ici, par les impôts. Gilles Carrez, qui n'avait jamais lancé une telle démarche quand la Droite était au pouvoir, affirme, aujourd'hui, agir "sans esprit partisan, ou polémique". "Comme tout le monde, explique-t-il, j'aimerais trouver -enfin!- les bons indicateurs pour évaluer, correctement, le phénomène de l'exil fiscal". Des indicateurs qu'on pourrait suivre dans le temps. Ainsi, annonce-t-il, qu'il va, dans les prochaines semaines, écrire aux cabinets fiscalistes les plus en vue pour leur demander, un chiffrage précis du nombre de dossiers qu'ils ont eu a traiter, ces derniers temps: "ce sera purement déclaratif, mais déjà une première indication". "Ce que j'aimerais aussi, ajoute Gilles Carrez, c'est obtenir des témoignages de contribuables français candidats au départ". Les fiscalistes me parlent beaucoup de leurs clients, mais se montrent incapables de m'en présenter". Aux ministres de Bercy maintenant, Gilles Carrez a demandé de publier plusieurs données. Sur le nombre des départs des assujettis à Impôt de Solidarité sur la Fortune d'abord. "On reste sur une estimation d'un départ par jour, où en est-on aujourd'hui?" demande le député UMP, qui souhaite aussi obtenir les premiers éléments liés à l'"exit tax", créée l'année dernière. Mais Gilles Carrez demande, aussi, qu'on chiffre le nombre de Français inscrits dans les consulats des pays fiscalement attractifs, qu'on pointe les inscriptions dans les écoles françaises, qu'on interroge, enfin, les Français sur les raisons de leur présence à l'étranger. Preuve que le thème est d'actualité, et "porteur", à Droite, l'homologue de Gilles Carrez, au Sénat, le président UMP de la Commission des Finances, Philippe Marini (chez lui, hier soir, c'est Copé était en tête) affirme, à son tour, qu'il va prochainement saisir Bercy sur cette question de l'exil fiscal.

Devenir propriétaire de son logement devient de plus en plus difficile. Le constat n'est pas nouveau, mais l'enquête du courtier en ligne "empruntis.com", révélée par le Parisien ce matin, chiffre, précisément, le phénomène. En moyenne en France, pour devenir propriétaire d'un appartement ou d'une maison, un ménage doit gagner plus de 4 mille euros par mois, et, surtout, avancer un apport initial personnel de 50 mille euros. C'était 2 fois moins, il y a 7 ans à peine. Les situations varient, évidemment, d'une ville à l'autre: à Paris, il faut un apport personnel minimum de 200 mille euros, pour envisager l'achat d'un appartement.

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