Qu'est-ce qu'une "rigueur de Gauche"? Tentons une réponse, ce matin: c'est une "rigueur de Droite", mais avec des mots doux. C'est l'impression qui ressort, en tout cas, du communiqué officiel, publié hier soir par Matignon, à l'issue du séminaire gouvernemental organisé pour préparer le budget de l'année prochaine, et fixer le cap des 2 suivants. Le texte est un modèle du genre: il annonce le pire mais enrobe ces mauvaises nouvelles d'une tonalité rassurante. Il annonce, surtout, une "approche nouvelle", un "tournant" par rapport au quinquennat Sarkozy qu'on a dû mal à percevoir, par ailleurs. Les mots d'abord. Ils se veulent, à chaque paragraphe, rassurants: "l'équilibre budgétaire n'est pas une fin en soi, mais un moyen", peut-on au tout début du communiqué de Matignon. "Rien ne sera fait de façon comptable ou aveugle". "Efficacité et justice" guideront les choix du Premier ministre. Plus loin encore: l'effort demandé sera "juste, équilibré et partagé", avec "le même soucis d'équité et d'efficacité des missions de service public". La rupture est là, doit-on comprendre: dans la méthode, et les mots choisis. Pour le reste -les mesures à prendre-, c'est la continuité presque totale avec le gouvernement Fillon. A commencer par la stabilité annoncée des dépenses de l'Etat, stabilité "en valeur" précise le texte, pendant 3 ans. Inflation comprise, donc, ce qui veut dire qu'elles vont baisser. "Les dépenses sociales seront maîtrisées", précise, d'ailleurs, explicitement Matignon. Pour l'Etat, le gouvernement confirme une stabilité globale des effectifs de la fonction publique. Seuls l'enseignement, la police, la gendarmerie et la justice recruteront. Tous les autres ministères devront réduire leurs effectifs. Les mathématiques étant implacables, ça veut bien dire que pour bon nombre d'administrations, la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur 2, partant à la retraite, va passer à 2 sur 3. Pour le reste, le nouveau gouvernement reprend la rigueur exactement là, où celui d'avant l'avait laissé: en promettant une extension des efforts demandés aux "opérateurs de l'Etat", d'une part (c'est-à-dire les établissements publics) et, d'autre part, aux collectivités locales. Jean-Marc Ayrault veut signer, avec elle, un "pacte". Un peu comme Nicolas Sarkozy a tenté de le faire, avant de partir. La rigueur à venir à un petit goût de "déjà vu".
Et de 5. Un 5ème pays de la zone euro appelle au secours! Après la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne, c'est Chrypre qui a officiellement demandé, hier, l'aide de ses partenaires européens. Ce sont, en fait, les banques chypriotes qui vont très mal parce qu'elles sont très dépendantes de la Grèce. Elles ont perdu 4 milliards d'euros dans la restructuration de la dette grecque (un quart du PIB de l'île). On connaît le scénario maintenant. La "troïka" européenne devrait débarquer, bientôt, à Nicosi pour réclamer des mesures de rigueur en échange d'une aide financière.Et de 735. La note date du 5 avril. Elle était sur le bureau de Valérie Pécresse, la ministre du Budget, qui s'est bien gardée de la rendre publique en pleine campagne présidentielle. Le Parisien-Aujourd'hui en France la révèle, ce matin: le bouclier fiscal a coûté 735 millions d'euros à l'Etat, l'année dernière. Un montant record depuis sa création. Surtout, le dispositif, dont la disparition totale est programmée d'ici à 2013, profite de plus en plus aux plus riches. Le chèque moyen de restitution est passé, entre 2010 et 2011, de 39 mille à 56 mille euro!
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