C'est, aujourd'hui, l'autre terrible angoisse du gouvernement. Alors, certes, elle n'atteint pas l'intensité de l'affaire Cahuzac et de ses conséquences politiques ravageuses mais à en croire l'un des témoins de cet autre "dossier brûlant" pour le gouvernement, la fébrilité serait très forte, là aussi. Ce témoin dit avoir vu passer des "notes", remontant "des plus hautes instances de l'Etat", qui traduisent cette inquiètude. Il faut reconnaître que ce qui va se passer dans les tous prochains jours, est inédit, et donc, forcément, un peu inquiètant. Pour la première fois, les prévisions de croissance du gouvernement, celles qui servent à construire les budgets et donc à fixer ensuite, le niveau des impôts et celui des économies à réaliser, pour la première fois, ces prévisions officielles du gouvernement vont devoir être validées par une autorité indépendante: le Haut Conseil pour les Finances Publiques. Une petite révolution démocratique, passée relativement inaperçue. "Notre installation, il y a 15 jours, n'a donné lieu qu'à un seul article de presse", s'étonne encore l'un de ses membres (notre témoin): "c'est assez sidérant quand on sait le pouvoir qui nous a été accordé: celui, ni plus, ni moins, de censurer le gouvernement, si on juge ces prévisions de croissance non conformes à la réalité"! Ce Haut Conseil des Finances Publiques est composé, grosso modo, d'une moitié de Conseillers de la Cour des Comptes, et pour l'autre de personnalités qualifiées, des personnalités "bénévoles", qui découvrent, depuis 15 jours, la charge de travail "énorme" que représente leur tâche: les réunions et les "auditions" sont nombreuses et prennent du temps. Pour la rédaction, dans les prochains jours, du tout premier "avis" de ce nouveau Haut-Conseil, les uns et les autres ont pris leur disposition: ils savent que ça va prendre encore plus de temps. Parce que ce premier avis déterminera, évidemment, la crédibilité future de cette institution toute neuve, et parce qu'il concernera, aussi une décision-clé du gouvernement: ses prévisions de croissance pour les prochaines années, celles qui doivent être, ensuite, transmises à Bruxelles, ce qu'on appelle le "programme de stabilité". Hier, Pierre Moscovici les a révélé et elles font déjà "tiquer" ce membre (anonyme) du Haut-Conseil. "1,2% l'année prochaine, j'en doute". 2% en 2015, "je n'y crois pas du tout", dit-il, attendant maintenant de savoir ce qu'en pensent ses collègues. "Je sens monter la pression sur nos épaules" conclut-il.
A minima. La crise pourrait sauver le régime des autoentrepreneurs. Le "candidat" Hollande, pendant la Présidentielle avait repris à son compte les critiques formulées contre ce statut d'autoentrepreneur, qui concurrence les entreprises artisanales, notamment dans le bâtiment. Presque 900 mille autoentrepreneurs bénéficient, aujourd'hui, de ce régime fiscal "simplifié et allégé", même si la moitié, seulement, sont économiquement actifs. Selon les Echos ce matin, le gouvernement devrait finalement annoncer, cette semaine, une réforme "a minima". En pleine envolée du chômage, ce n'est pas le moment de tout bousculer, aurait tranché Bercy.Pourquoi pas. Pierre Moscovici propose de renforcer la lutte contre l'évasion fiscale. Le ministre de l'Economie, qui continue à se défendre sur son rôle joué dans l'affaire Cahuzac, a suggéré, hier, de réfléchir, à créer un système européen d'échanges automatiques d'informations fiscales. A l'image de ce qu'imposent, depuis 3 ans, les Etats-Unis.
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