Les Grecs, les Portugais, les Espagnols et tous les Européens qui subissent aujourd'hui de douloureuses mesures d'austérité sont-ils, en fait, les "victimes" d'une erreur de codage d'un fichier Excel? C'est depuis quelques jours (posée, ici, de manière caricaturale, j'en conviens) la question que se pose un bon nombre d'économistes. Un débat de scientifiques, d'experts, un débat théorique, méthodologique mais qui renvoit au débat politique, qui s'est imposé depuis la crise, notamment en Europe, et qui renvoit donc, au final, à la vie des gens, de nous touss. Ce débat, ce sont 3 économistes qui viennent de le lancer en contestant le travail de 2 autres. Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff ont publié, en 2010, une série d'articles, qui est très vite devenue une référence. Les 2 économistes, ont étudié des données statistiques mondiales remontant jusqu'à 1946, et ont comparé le niveau de dette des pays et leurs performances économiques. Leur conclusion: quand un pays a une dette qui dépasse 90% de son PIB, il est condamné à la récession. Cette conclusion a été reprise par les responsables politiques du monde entier pour justifier leurs politiques de redressement budgétaire à marche forcée, l'austérité. Tim Geithner, le secrétaire au Trésor américain, Olli Rehn, le commissaire européen l'ont cité. En France, Le journal "Le Monde" a retrouvé une longue citation de cette étude dans le projet de Loi de finances rectificative de 2010. "Problème", viennent de dire 3 économistes d'une autre université américaine, "problème, nos confrères se sont trompés!". En reprenant, les mêmes données statistiques sur 50 ans, mais en refaisant les calculs, les économistes Pollin, Ash et Herndon arrivent à un autre résultat. Quand l'étude de 2010 conclut à un recul de la croissance de 0,1%, ils trouvent eux +2,2%! Sacrée erreur, que les auteurs de la contre-étude attribue à une mauvaise pondération des données, à la mise à l'écart de 5 pays dans le calcul initial, mais surtout, à une erreur de codage du fichier excel utilisé en 2010. "C'est moche", comme ont dit parfois à la télé. Hier, Carmen Reihnart et Kenneth Rogoff ot reconnu leur erreur mais estiment que leur message central reste valable: "un pays trop endetté perd de sa vigueur économique". Ce que reconnaissent, aussi, leurs censeurs. Au G20, ce soir et demain à Washington, l'idée de faire de ce seuil des 90% un plafond reste inscrit au programme des discussions.
Leçon. La "leçon d'économie" de Lakshmi Mittal. Le patron d'Arcelor Mittal était auditionné, hier par les députés de la Commission d'enquête sur l'avenir de la sidérurgie. La séance était à huis clos... mais, selon les députés qui l'ont entendu et questionné, Lakshmi Mittal s'est montré peu enthousiaste sur la reconversion des haut-fourneaux de Florange, le projet d'aciérie électrique. Il a évoqué, en revanche, des investissements sur ses sites de Fos et Dunkerque, tout en refusant de les chiffrer: "vous ne pouvez pas me garantir une croissance économique de 3% par an, je ne pas promettre un montant d'investissement" a dit le patron d'Arcelor Mittal. Qui a aussi critiqué le coût, et le temps de travail en France, la rigidité des syndicats, mais prôné, aussi, un "prectionnisme" à l'européenne pour empêcher "l'importation d'acier à prix bas".
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