Alors que les fortes chaleurs écrasent le pays depuis deux jours et nous imposent un inconfort à l’intérieur même de nos habitations, de nombreux exemples à l’étranger nos montrent que vivre avec des températures extrêmes n’est pas chose impossible.
Dans beaucoup de régions du monde, de nombreuses cultures de l’habitation ont su parfaitement s’adapter.
Pierre Frey, qui est professeur honoraire d’architecture à l’école polytechnique de Lausanne, rappelle que les plus résistantes se sont développées là où l’architecture des bâtiments a été imaginée à partir de règles physiques de base pouvant résister aux fortes chaleurs.
Au Yémen par exemple, depuis des millénaires, des villes entières en zone aride gèrent avec parcimonie et intelligence l’eau qui est très rare et ont développé des espaces vivables sans aucune climatisation.
De quoi nous inspirer et obliger l’industrie de la construction à réviser drastiquement sa copie
Toujours selon Pierre Frey, le succès par exemple du verre aujourd’hui dans la construction des bâtiments est un véritable non-sens. Les géants du BTP construisent dans le monde entier des milliers de kilomètres carrés de façades en verre avec des coefficients d’absorption thermique gigantesques ce qui signifie qu’ils emmagasinent énormément de chaleur.
Citons également l’usage effréné de l’air conditionné qui est purement catastrophique puisqu’il augmente en réalité la température des villes en rejetant de l’air chaud. À Dubaï on considère que la clim fait grimper de 4 à 5°C la température extérieure.
Cependant dans les pays du Golfe comme aux Emirats arabes unis ou au Koweït où la clim tourne à fond, des villes et des villages traditionnels construits en plein désert savent vivre de façon durable avec des températures qui dépassent très souvent les 50°C.
Des exemples de partout dans le monde
Prenez les médinas arabes, ces architectures pratiquement sans façades. Elles ont la capacité de générer de grandes différences de températures. L’énorme effet de masse de terre des bâtiments crée de la fraîcheur et maximise les zones d’ombre.
Les patios ou les cours intérieures provoquent la circulation de l’air et un simple filet d’eau ou une plante verte permet à l’humidité de s’évaporer et d’abaisser la température.
Les villes les plus résilientes face aux climats chauds sont celles qui ont été conçues en harmonie avec leur environnement en prenant en compte les risques naturels, la géographie des lieux et les matériaux locaux pour construire les bâtiments.
À côté d’elles, nombreuses sont les villes modernes qui se révèlent vulnérables et qui ne savent fonctionner qu’en brûlant des quantités folles d’énergie.
Alors bien sûr attention à ne pas idéaliser exagérément ces techniques. La modernité a aussi fait ses preuves en termes de confort de vie au quotidien. C’est plutôt l’esprit de ces pratiques simples, frugales et moins onéreuses du bâti vernaculaire qui pourrait nous inspirer et nous rafraîchir les idées.
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