

Depuis le début de la guerre civile en 2014, des trésors inestimables se sont effondrés sous les bombes au Yémen, loin des caméras. C’est un héritage culturel d’une immense valeur à la fois pour les Yéménites mais aussi pour le reste de l’Humanité qui disparaît sous nos yeux.
Déjà enfoncé dans un conflit qui a dévasté le pays en faisant des milliers de morts et en déplaçant des millions de personnes, le Yémen connait aussi une destruction de son patrimoine archéologique avec des pans entiers de son histoire qui se sont effondrés sous les bombes.
Si les médias se sont fait l’écho des destructions d’antiquités par le groupe Etat islamique en Irak ou en Syrie, pendant ce temps-là à 2000 kilomètres au sud, d’autres richesses ont été pulvérisées par les frappes aériennes dans une relative indifférence… Et pourtant…
C’est un héritage culturel d’une immense valeur à la fois pour les Yéménites mais aussi pour le reste de l’Humanité qui disparaît sous nos yeux.
Que représente ce patrimoine archéologique ?
Vu de chez nous, les vestiges du Yémen nous semblent perdu au milieu du désert de la péninsule arabique. Mais nous avons oublié que ce pays a connu un âge d’or, qu’il a été un acteur majeur de la civilisation arabe et le foyer historique du Royaume de Saba.
C’est là qu’est né le mythe de la reine de Saba et du roi Salomon relaté dans la Bible.
C’est du Yémen aussi que partait la route de l’encens.
Et puis la richesse de ce royaume a permis de financer des constructions inédites pour l’époque comme l’extraordinaire barrage hydraulique de Marib au huitième siècle et qui est considéré aujourd’hui comme le plus vieux du monde. En 2015, ce barrage, qui n’a pourtant pas de valeur stratégique, a été bombardé par la coalition saoudienne.
Ajoutons à cela la perte de quartiers entiers inscrits au patrimoine mondiale de l’UNSECO, de châteaux médiévaux ou de musées dont il ne reste plus que des gravats.
Des destructions idéologiques menées par les groupes islamistes radicaux ont aussi détruit d’anciennes mosquées de la ville portuaire d’Aden. Sans compter les pillages de sites qui alimentent un trafic à destination des grands collectionneurs des pays du Golfe.
Au milieu du chaos, c’est toute l’identité culturelle et la mémoire du peuple Yéménite qui disparaît peu à peu au fil de ces destructions ciblées. L’ampleur de la catastrophe donne froid dans le dos.
Que peuvent les archéologues aujourd’hui ?
Pour le moment, malheureusement, pas grand-chose puisqu’en raison des menaces terroristes, ils ne peuvent plus se rendre sur les sites. C’est un sentiment d’énorme gâchis pour ces équipes de scientifiques qui voient des années de travail d’entretien de ces sites fabuleux partir en fumée.
En attendant que la situation s’améliore, l’UNESCO essaye de fédérer tous les acteurs du patrimoine Yéménite en tenant à jour une liste des destructions d’abord dans un esprit d’inventaire et ensuite de futures reconstructions.
Le mois prochains prochain se tiendront à Paris les 22e rencontres Sabéennes au cours desquelles une séance sera entièrement consacrée au patrimoine archéologique du Yémen en danger.
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