

Une étude montre, pour la première fois, que des poissons peuvent aussi avoir des chagrins d’amour… Des biologistes du comportement de l’Université de Bourgogne sont parvenus à quantifier l’impact émotionnel de la séparation chez les poissons.
Pour tester expérimentalement la peine de cœur chez les poiscailles les chercheurs ont d’abord choisi une espèce tropicale : le cichlidé zébré qui vit au Nicaragua et qui a la particularité d’être monogame et de former des couples durables. Ah le bienheureux…
Le mâle et la femelle sont inséparables et passent beaucoup de temps à coordonner leurs activités pour s’occuper de leur progéniture ou repousser les prédateurs. Les scientifiques se sont donc demandé s’il pouvait exister entre eux un « attachement émotionnel ».
Comment ont-ils procédé ?
Ils se sont inspirés du test d’ambiguïté utilisé par les psychologues chez l’être humain. Ce test c’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein, dont l’interprétation optimiste ou pessimiste dépend de l’état émotionnel de la personne.
Pour le mettre en place, les chercheurs ont d’abord enseigné aux poissons à ouvrir des couvercles de boites à l’aide de leurs bouches.
Ils leur ont ensuite appris à distinguer les boîtes contenant de la nourriture et celles qui étaient vides. Très vite, les poissons ont fait la distinction entre les deux boîtes et se sont rués sur celles dans lesquelles se trouvait de quoi becqueter alors qu’ils mettaient beaucoup plus de temps à s’intéresser aux boites vides.
Après cet apprentissage, est arrivé une troisième boite inconnue des poissons donc perçue comme « ambigüe ». C’est là que leur caractère pessimiste ou optimiste s’est exprimé. Les poissons optimistes face à l’incertitude de trouver de la nourriture dans la boîte ôtaient rapidement le couvercle alors que les pessimistes eux y allaient très lentement.
Que s’est-il passé lorsque les poissons ont été séparés ?
Les chercheurs ont observé que les femelles optimistes qui allaient rapidement ouvrir la boite ambiguë, mettaient beaucoup plus de temps à le faire en l’absence de leur partenaire. Ce changement de réaction face à l’ambiguïté est le signe d’un plus grand pessimisme.
C’est la première fois que l’attachement émotionnel face à la perte du partenaire a été testé sur un animal non humain.
Je vous rassure les couples étaient reformés après l’expérience.
Selon les scientifiques dijonnais, ces résultats pourraient montrer que l’attachement émotionnel au partenaire présente un intérêt évolutif en favorisant la stabilité du couple, les soins parentaux et, in fine, un meilleur système reproducteur.
Dans la première version de leur publication publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society, les chercheurs avaient écrit qu’il s’agissait de la première démonstration expérimentale de l’amour romantique. Mais le terme a été refusé. Alors même si la version de Roméo et Juliette dans l’aquarium n’est pas encore d’actualité, on sait maintenant que les chagrins d’amour affectent aussi les poissons. Et ça c’est beau !
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