On savait depuis longtemps que des hommes au cours de l’histoire ont utilisé des résines végétales pour se stimuler la mandibule, mais les deux découvertes qui nous intéressent ce matin et annoncées il y a quelques semaines, révèlent une mine d’informations.
C’est en ayant l’idée de procéder à des analyses sur des gommes préhistoriques issus d’écorces de bouleau que des chercheurs ont eu la grande surprise d’y trouver des traces d’ADN parfaitement conservé.
Le brai de bouleau servait à fabriquer de la colle pour des outils et des armes. Une sorte de mastique préhistorique qui a non seulement figé les empreintes des dents de ceux qui l’ont mâché mais qui a également conservé leur signature génétique.
Et il s’agit pour les scientifiques d’une trace extraordinaire du passé qui raconte qui étaient ces populations scandinaves ayant contribué à la fabrication d’outils à l'âge de pierre. Une découverte passionnante lorsque l’on pense que ces humains ont mâché cette gomme il y a des milliers d’années.
Première étude : ce que nous apprennent des "chewing-gums" d'écorce de bouleau de plus de 8000 ans
La première qui a été réalisée par des chercheurs de l’Université d’Uppsala en Suède concerne trois morceaux de goudron d'écorce de bouleau vieux de plus de 8000 ans, tous trouvés dans l'ouest de la Suède sur un ancien site de fabrication d’outils.
La mastication du goudron d’écorce de bouleau aurait fait partie d’un processus de production où tout le monde semblait participer quelque soit son âge et son sexe. Et au vu de la taille des dents laissées sur les morceaux de gomme, ces empreintes montrent qu’il s’agissait de jeunes mâcheurs des deux sexes sans doute âgés de 5 à 18 ans. Les activités auraient donc été partagées de façon égalitaire pour cette population de chasseurs-cueilleurs d’Europe du Nord.
Seconde étude : ce que nous apprend un "chewing-gum" d’écorce de bouleau de 5700 ans
Il s’agit cette fois d’une équipe danoise qui s’est penchée sur de la gomme d’écorce de bouleau mâchée par une femme vivant il y a 5 700 ans et dans laquelle son ADN a également été conservé.
Les scientifiques de l’Université de Copenhague ont pu donner des informations sur son apparence physique, sur ce qu'elle mangeait à cette époque et même sur les espèces bactériennes de son microbiome buccal. L’un des chercheurs a déclaré que c’était un peu comme se retrouver face à son fantôme…. Telle une photographie instantanée, on apprend que cette femme aurait eu la peau sombre, les cheveux noirs avec des yeux bleus et qu’elle aurait mangé peu de temps avant de mâchouiller sa gomme, du canard colvert et de l’anguille ce qui révèle un mode de vie basé sur la prédation plutôt que sur l’agriculture.
Ces gommes sont très précieuses, car à partir de matériel, autre que des restes humains, ils dévoilent beaucoup d’éléments sur le mode de vie, la nourriture ou les maladies de ces populations anciennes.
Attention donc si vous êtes parfois tenté de laisser traîner vos vieux chewing-gums, ils pourraient bien un jour dévoiler votre histoire la plus intime…
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