

Ce matin, dans l’édito carré, une publication étonnante sur le cerveau des personnes qui ont des doigts en plus.
On appelle cela la polydactylie
Il s’agit de personnes qui naissent avec un doigt supplémentaire entre le pouce et l’index. Cette anomalie est assez rare surtout lorsque le doigt présente un développement complet avec un véritable squelette, des muscles et des nerfs qui lui sont propres.
Des scientifiques de Fribourg, de Londres et de Lausanne, viennent de publier l’étude de cas d’un garçon de 17 ans et de sa mère de 52 ans qui possèdent, tous les deux, six doigts à chaque main.
A l’aide de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, les chercheurs ont voulu savoir si les deux sujets avaient des capacités motrices qui dépassaient celles des personnes à cinq doigts et comment le cerveau prenait en charge cette anomalie.
C’est la première fois qu’une telle étude est réalisée.
Et alors quels sont les résultats ?
Et bien, ils montrent d’abord que ces personnes polydactyles peuvent déplacer leurs doigts supplémentaires indépendamment de tous les autres, ce qui rend la manipulation extrêmement polyvalente et habile. Elles peuvent, par exemple, attacher leurs lacets de chaussures avec une seule main et cela à la même vitesse que les personnes à cinq doigts qui, elles, ont besoin de leurs deux mains pour exécuter cette tâche.
Les scientifiques notent que les capacités motrices sont donc considérablement augmentées avec six doigts.
L’étude est ensuite très intéressante sur le plan neurophysiologique car le cerveau des personnes à six doigts est étonnant.
Dès la naissance, en effet, il prend en compte cette anomalie en lui réservant une zone spécifique. Et ce sont des neurones spécialement dédiées au doigt surnuméraire qui permettent aux personnes de réaliser de meilleures performances avec leur main.
Et c’est la première fois que des chercheurs l’observent ?
Oui, et les auteurs ajoutent que l’étude de ces mains polydactyles pourrait servir de modèle pour mettre au point des membres artificiels afin d’augmenter les capacités de mouvements naturels pour aider, par exemple, un chirurgien à réaliser des opérations sans assistant.
Mais attention, cependant, à ne pas interpréter cette publication comme étant une formidable chance pour les personnes ayant six doigts aux mains en raison des compétences supérieures qu’elles sont capables de développer.
Le chirurgien orthopédique Jean-Luc Jouve, qui travaille à la Timone à Marseille et qui a l’habitude d’opérer des personnes polydactyles, rappelle que l’épreuve sociale d’un sixième doigt est souvent très difficile à vivre. Traverser l’enfance avec cette anomalie est souvent compliqué psychologiquement. Il ajoute aussi que ces doigts surnuméraires n’évoluent pas comme les autres doigts de la main. Ils ont, en effet, tendance à s’enraidir et à s’user prématurément.
La mécanique articulaire du sixième doigt n’est donc pas parfaite et les étonnantes capacités motrices de ces mains sont donc à relativiser.
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► Cette étude a été publiée dans la revue Nature Communications.
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