Incendie de la station d’épuration d'Achères : une catastrophe industrielle majeure

Station d'épuration des eaux usées à Achères, le 9 septembre 1998, dans les Yvelines, France.
Station d'épuration des eaux usées à Achères, le 9 septembre 1998, dans les Yvelines, France. ©Getty -  Michel BARET
Station d'épuration des eaux usées à Achères, le 9 septembre 1998, dans les Yvelines, France. ©Getty - Michel BARET
Station d'épuration des eaux usées à Achères, le 9 septembre 1998, dans les Yvelines, France. ©Getty - Michel BARET
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Elle s’est déroulée cet été dans une quasi indifférence : nous sommes le 3 juillet dernier aux environs de 16h45. Un spectaculaire incendie vient d’éclater aux portes de Paris dans un bâtiment de la station d’épuration d’Achères dans les Yvelines.

Il s’agit de la plus grande usine de traitement des eaux usées d’Europe. Elle traite 60% des eaux usées de 9 millions de Franciliens. Le site, qui est classé « Seveso seuil Haut » comme l’usine Lubrizol de Rouen, est géré par le Siaap, le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne. Un court-circuit serait à l’origine de l’incendie.

Le bâtiment réduit en cendre abrite plusieurs cuves de substances toxiques et hautement corrosives qui servent à une mission essentielle : la « clarifloculation », un procédé qui permet d’éliminer les particules en suspension dans les eaux usées notamment les phosphates afin d’éviter la perte en oxygène de la Seine. 

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Le sinistre provoque une pollution conséquente du fleuve en raison du rejet pendant deux heures, d’eau non traitée. Fin juillet, plus de 10 tonnes de poissons morts avait déjà été ramassés. L’incendie est arrivé au pire moment de l’année, avec une Seine à son plus faible étiage.

Le 27 septembre dernier, le journaliste Marc Laimé, spécialiste des questions sur l’eau publiait dans le Monde Diplomatique un article édifiant sur l’omerta entourant cet incendie. 

Et que raconte t-il exactement ? 

D’abord que ce site n’a cessé d’enregistrer des sinistres de plus en graves au fil du temps. Il cite un communiqué de l’association Robin des Bois révélant qu’il s’agit du 11ème accident depuis avril 2017. De son côté, le préfet a mis en demeure le SIAAP à quatre reprises en 2018 pour non-conformité à la réglementation. Mais ce dernier n’en a pas tenu compte. 

Marc Laimé précise que les graves incidents enregistrés depuis des années, comme les différentes enquêtes en cours depuis le 3 juillet, montrent un contrôle jusqu’alors des plus laxistes.

Mais surtout, ajoute mon confrère cité par Libération le 9 octobre, ce qui a été perçu comme un petit incident est selon lui plus important que l’incendie de Rouen et pourrait entraîner une pollution gravissime de la Seine pendant trois à cinq ans, le délai nécessaire aux travaux de réparation de l’unité qui a été détruite. 

Et que va t-il se passer d’ici là ? 

L’usine va fonctionner en mode dégradé pendant tout ce temps.

L’unité incendiée remplaçait des bassins à ciel ouvert qui avaient été abandonnés il y a une vingtaine d’années. Mais la plupart de ces bassins sont aujourd’hui inutilisables, si bien qu’il n’y a pas de plan B en cas de nouvel incident.

En attendant à chaque orage, le scénario catastrophe va se reproduire avec le rejet dans la Seine d’eaux usées qui n’auront été que partiellement traitées. On peut donc sérieusement douter de voir des baigneurs y nager lors des prochains Jeux Olympiques.

Le journaliste Marc Laimé est l’invité de la Terre au Carré cet après-midi pour tout nous dire sur cette catastrophe. 

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