L’histoire étonnante des archives du mathématicien Alexandre Grothendieck

Le mathématicien Alexandre Grothendieck est décédé en 2014 ; il laisse derrière lui des milliers de pages de notes
Le mathématicien Alexandre Grothendieck est décédé en 2014 ; il laisse derrière lui des milliers de pages de notes ©Getty -  Uraiwon Samatiwat / EyeEm
Le mathématicien Alexandre Grothendieck est décédé en 2014 ; il laisse derrière lui des milliers de pages de notes ©Getty - Uraiwon Samatiwat / EyeEm
Le mathématicien Alexandre Grothendieck est décédé en 2014 ; il laisse derrière lui des milliers de pages de notes ©Getty - Uraiwon Samatiwat / EyeEm
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Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose et pourtant Grothendieck est considéré par certains comme le plus grand mathématicien du XXe siècle.

Né en 1928 à Berlin il arrive en France à âge de cinq ans pour fuir le nazisme et c’est à Montpellier qu’il débute ses études de mathématiques. 

Dans les années 1950, il révolutionne la géométrie algébrique et tous les mathématiciens qui travaillent aujourd’hui dans ce domaine utilisent les outils qu'il a développés… 

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En 1966, Alexandre Grothendieck obtient la médaille Fields, l’équivalent du Nobel en mathématique, il refuse pourtant tous les honneurs. 

Personnalité hors du commun, écologiste radical de la première heure, à partir des années 1990 il vit en ermite dans un village de l’Ariège. Coupé du monde, mais travailleur infatigable, il décède en 2014 en laissant derrière lui des milliers de pages de notes. 28 000 d’entre elles se trouvent à l’Université de Montpellier.

Mais dans un article publié dans Le Monde la semaine dernière, le journaliste Philippe Douroux raconte l’histoire des 70 000 autres pages issues de ces archives. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elles dorment actuellement dans la cave d’une librairie de Saint-Germain-des-Prés sans que personne pour le moment n’arrive à en estimer la valeur. 

S’agit-il d’un trésor scientifique ou de vieux papiers pas même bons pour le recyclage ? 

Philippe Douroux pose la question. 

Comment ces archives sont-elles arrivées dans cette cave? 

Ce sont les enfants de Grothendieck qui ont appelé le libraire Jean-Bernard Gillot, spécialisé dans les sciences, pour tenter d’évaluer ces pages écrites entre 1992 et 2014 et faites de textes, de dessins et de listes écrites en pattes de mouches. 

Elles comportent certes des mathématiques mais le reste selon Philippe Douroux est une sorte de folie gigantesque et le reflet d’un naufrage intellectuel qui n’a plus rien à voir avec de la science. Le journaliste qui a eu accès à ces documents décrit un chaos émouvant qui raconte l’homme au jour le jour. On peut y lire par exemple sa tentative de suicide ratée en janvier 1996.

« Le diable m’a retiré l’envie de chercher » écrit Grothendieck. Mais il vit dans une maison percée par les trous d’air où le gaz n’aurait jamais pu le tuer.

Que vont devenir ces archives ? 

La bibliothèque nationale pourrait s’en porter acquéreur si elle a les moyens de rivaliser avec des Universités étrangères aux budgets beaucoup plus conséquents. Ces documents devront donc d’abord être proposés au marché afin de pouvoir en fixer un prix. 

En attendant, les pages de mathématiques qui se trouvent  à Montpellier ont été sauvegardées et numérisées. 

Mais qui va prendre le temps d’explorer ce contenu colossal que Grothendieck appelait lui-même ses gribouillis ? Chaque page représente des heures de déchiffrage. Et entre ceux qui détestent Grothendieck et ceux qui considèrent que cela ne vaut rien, l’avenir de ces archives est encore incertain. Valent-elles de l’or ou du plomb conclu Philippe Douroux ? Cet article passionnant est à lire sur le Monde.fr