

Quand on pense à tout ce que nous perdons chaque jour dans la froideur de nos cuvettes, alors que nos urines pourraient être réutilisées comme engrais d’appoint ou comme fertilisant principal grâce aux deux nutriments essentiels qu’elles contiennent : l’azote et le phosphore.
L’azote et le phosphore ont le grand avantage d’être directement assimilables par les plantes, ce qui fait de l’urine une source d’engrais liquide à action rapide.
Cet usage qui peut vous sembler quelque peu iconoclaste a pourtant déjà largement fait ses preuves puisque depuis longtemps, les agriculteurs du monde entier l’utilisent. Et même à Paris au début du XXe siècle, à une époque où la chasse d’eau était de la science-fiction, une partie de l’urine issue des fosses d’aisance, servait à produire un engrais, exporté jusqu’en Grand-Bretagne.
Et il semblerait que cet usage fasse son grand retour dans un contexte où l’on cherche des alternatives à ces engrais synthétiques produits à partir de ressources fossiles.
Ses chercheurs s’y intéressent sérieusement
C’est par exemple le sujet d’étude de Fabien Esculier, chercheur à l’école des Ponts Paris Tech et qui travaille sur la transition de nos modes d’alimentation. Avec son équipe, il mène des essais sur des parcelles en plein champ, pour comparer les plantes cultivées avec des engrais de synthèse et celles avec de l’urine.
Et résultats : aucune différence entre les deux. L’urine est aussi efficace que les produits vendus dans le commerce. Alors pourquoi s’en priver ?
Sachant qu’une personne produit à elle seule produit environ 500 litres d’urine par an, son précieux liquide pourrait fertiliser jusqu’à 400 m2 de surface cultivable.
Les calculs montrent qu’une ville comme Paris serait en mesure de fournir tout l’engrais nécessaire pour nourrir sa population, sans polluer ni gaspiller l’énergie actuellement nécessaire à la production d’engrais synthétiques.
Aucun risque sur la plan sanitaire?
Non car l’urine contient très peu d’agents pathogènes contrairement aux matières fécales. Éviter simplement de pisser dans votre arrosoir si vous prenez un traitement médicamenteux.
Plusieurs villes en France dont Paris, sont en train de tester la collecte d’urine. En suisse sur le campus de l’école polytechnique de Zürich, les profs et les étudiants peuvent même pisser utile grâce à un système de récupération des eaux usées branché directement sur les urinoirs.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la préparation et le dosage, les conseils abondent sur Internet. Je suis par exemple tombé sur le site Binetteetcornichons.com qui donne une foule de renseignements.
Et puis vous saurez tout en écoutant la Terre au carré cet après-midi puisque je recevrai le chercheur Fabien Esculier.
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