Pour comprendre le mécanisme des virus et mettre au point des vaccins ou des médicaments, les chercheurs procèdent de différentes manières. Ils peuvent par exemple étudier des morceaux de virus, c’est-à-dire des fragments d’ADN associés à des protéines virales. Cette méthode ne présente aucun risque.
Pour étudier des virus entiers, des mesures drastiques s’imposent. Citons les laboratoires P4 de haute sécurité qui hébergent des virus extrêmement dangereux et contagieux comme Ebola ou Nipah pour lesquels il n’existe ni traitement ni vaccin. Ces agents pathogènes sont de véritables bombes nucléaires version virus.
Le personnel qui travaille dans ces P4 est habillé de scaphandres pressurisés et doit emprunter des sas de décontamination. Ces laboratoires ultra-sensibles sont maintenus en dépression, c’est à dire à une pression atmosphérique plus faible qu’à l’extérieur. Il en existe une trentaine dans le monde et celui de Wuhan mis en service en 2018 a été conçu en partenariat avec la France.
La probabilité qu’un virus arrive à s’échapper accidentellement d’un P4 est quasi nulle. Le seul moyen serait un acte de malveillance, ce qui est très peu probable.
Pourtant des rumeurs ont circulé à ce sujet : dès le mois de janvier des théories du complot se sont multipliées. Rumeurs qui ne cessent d’être entretenues par la Maison Blanche elle-même qui prétendait encore mercredi que les Etats-Unis disposaient de « preuves significatives » sur une fuite du virus du laboratoire de Wuhan.
Aucun élément fiable n’existe pour étayer ces rumeurs
Selon les principales rumeurs relayées sur la toile, le Sars-Cov-2 proviendrait d’une « manipulation intentionnelle » soit du virus responsable de l’épidémie de Srars en 2002 en Chine soit d’un virus de chauve-souris étudié dans le laboratoire P4 de Wuhan.
Mais pour le prouver il aurait fallu découvrir un virus avec une séquence génétique identique à celle identifiée sur le premier patient retrouvé en Chine. Or, l’étendue des différences entre le nouveau coronavirus et la souche responsable de l’épidémie de 2002 démontre que l’un ne dérive pas de l’autre ni d’aucune version manipulée en laboratoire.
Et même le coronavirus le plus proche identifié chez une chauve-souris est trop distant génétiquement.
L‘hypothèse donc d’une origine synthétique du SARS-CoV-2 est également écartée par les scientifiques.
Que savons-nous des origines du nouveau coronavirus ?
Pour la plupart des chercheurs, le virus a été transmis de façon naturelle aux humains par un animal qui est donc vraisemblablement la chauve-souris.D’autre part, des séquences du coronavirus humain semblent venir d’un autre animal qui aurait joué un rôle intermédiaire.
L’hypothèse du pangolin semble être aujourd’hui être écartée selon Bruno Canard qui travaille sur les virus émergents et les coronavirus à Marseille.
Ces différents morceaux de génome se seraient donc assemblés mais certainement pas en raison d’une manipulation humaine. Les recombinaisons sont d’ailleurs très fréquentes chez les virus. C’est la raison pour laquelle de nouvelles variantes de grippe émergent chaque année.
L’enquête est donc toujours en cours dans les laboratoires pour identifier l’origine exacte du coronavirus. Et nous en parlerons cet AM dans le virus au carré.
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