Le sexisme en physique

Donna Strickland est seulement la troisième femme de l'histoire à recevoir un prix Nobel (en l’occurrence, pour elle, de physique). Comment expliquer cette sous-représentation des femmes ?
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Donna Strickland est seulement la troisième femme de l'histoire à recevoir un prix Nobel (en l’occurrence, pour elle, de physique). Comment expliquer cette sous-représentation des femmes ? ©AFP - Cole Burston / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
Donna Strickland est seulement la troisième femme de l'histoire à recevoir un prix Nobel (en l’occurrence, pour elle, de physique). Comment expliquer cette sous-représentation des femmes ? ©AFP - Cole Burston / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
Donna Strickland est seulement la troisième femme de l'histoire à recevoir un prix Nobel (en l’occurrence, pour elle, de physique). Comment expliquer cette sous-représentation des femmes ? ©AFP - Cole Burston / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
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La semaine dernière toutes les planètes du sexisme semblaient parfaitement alignées dans cette discipline où la sous représentation des femmes est déjà particulièrement désastreuse.

Premier acte 

L’annonce mardi du Nobel de physique décerné à trois chercheurs dont une femme Donna Strickland a été accueillie avec joie et soulagement. Il faut dire qu’on revient de loin puisque la scientifique canadienne n’est que la troisième femme à obtenir un Nobel en physique en 117 ans alors que 207 l’ont été à des hommes ! No comment...

Au moment où Donna Strickland était récompensée pour ses travaux sur les lasers, on apprenait qu’aucune page Wikipédia ne lui était consacrée contrairement à ses collègues masculins. Malgré l’importance de ses recherches, la scientifique était restée dans l’ombre. Il s’en est fallu de peu pour qu’elle ne passe carrément à côté de son prix. 

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Deuxième acte

Quelques heures seulement après l’annonce de ce Nobel de physique, le lauréat français du prix Gérard Mourou était rattrapé par un clip parodique tourné en 2010… On le voit danser sur une musique reggae avec des laborantines en petit tenue pour promouvoir son équipe et la puissance de son laser.

La vidéo diffusée sur YouTube, a fait l’objet sur les réseaux sociaux de commentaires incendiaires mais aussi de communiqués de la part l'Académie Nobel affirmant qu’elle « ne reflétait pas les valeurs du Prix ». Samedi, le CNRS dénonçait de son côté « des images dégradantes pour les femmes ». 

Gérard Mourou a eu beau essayé d’invoquer « l’humour », un an après l’onde de choc du mouvement #MeToo, l’esprit potache de la vidéo ne passe pas. 

Mais je vous ai gardé le meilleur pour la fin…

Troisième acte

Lundi on apprenait que le CERN, le laboratoire européen de physique des particules, suspendait un chercheur italien, Alessandro Strumia, professeur à l’Université de Pise. 

Dans le cadre d’un atelier intitulé « Théorie des hautes énergies et genre » il a en effet affirmé que la physique était une question d’hommes et que les femmes bénéficiaient d’un traitement de faveur grâce aux débats actuels sur la parité. À coup d’équations foireuses et de données bibliométriques il a tenté de démontrer par A+B que les hommes étaient victimes d’une discrimination croissante de la part des femmes. Il fallait quand même oser !

Ce week-end, près de 2000 scientifiques du monde entier préoccupés par l'existence d'un « sexisme répandu » en science avaient déjà signé une déclaration condamnant le chercheur italien et son discours malsain.  

La semaine dernière fût donc très contrastée pour les femmes dans le domaine de la physique entre très bonnes nouvelles et attitudes consternantes. Le chemin est encore long sur le front du sexisme ordinaire.

L'équipe