Les scientifiques montent au créneau autour du dérèglement climatique. Car si les chercheurs nous alertent sur l’urgence climatique et environnementale depuis les années 80, rares étaient les scientifiques qui s’exprimaient en leur nom propre pour en dénoncer les effets.
Mais les temps ont changé et de nombreux chercheurs n’hésitent plus à sortir de l’ombre pour prendre la parole publiquement et participer aux réflexions citoyennes sur la transition écologique.
Nous en avions parlé dans cet édito, des scientifiques remettaient en cause leur propre empreinte écologique dans la pratique de leurs métiers. Les chercheurs, contribuent en effet aux émissions de gaz à effet de serre en se déplaçant souvent en avion. Certains ont donc décidé de modifier leurs pratiques afin de se sentir plus crédibles dans leurs actes.
Et c’est même une culture « bas carbone » qui serait en train d’émerger dans la recherche. Xavier Capet, directeur de recherche au CNRS déclarait l’année dernière au site Reporterre « que les scientifiques ne peuvent pas se contenter de prêcher la bonne parole sans descendre de leur tour d’ivoire ». Et certains d’entre eux ont décidé de passer à la vitesse supérieure….
A qui pensez-vous ?
A l’économiste et directeur de recherche Gaël Giraud qui, le 1er octobre dernier, lançait une pétition adressée aux médias français leur demandant que tous les articles concernant le dérèglement climatique soient proposés en accès libre. Il défend l’idée selon laquelle le climat et la biodiversité ne sont pas des sujets comme les autres, qu’ils conditionnent la pérennité à court terme des sociétés et que face à cette réalité, la mobilisation doit être totale.
Pour le scientifique, nous avons besoin d’une information sur l’environnement accessible à tous. Il propose donc en conséquence une réorganisation marginale de la presse, cohérente avec les enjeux de notre époque.
Ce matin, 28 600 personnes avaient déjà signé la pétition. Les médias sont plus réservés quant à cette proposition. Je vous renvoie par exemple à la réponse de Daniel Schneidermann sur le site « Arrêt sur images ».
Et puis parmi les autres exemples de prise de parole, citons un collectif de scientifiques et d’universitaires suisses parmi lesquels le Prix Nobel de chimie, Jacques Dubochet et le philosophe Dominique Bourg qui publiaient hier, dans le journal Le Temps, une étonnante lettre ouverte pour apporter leur soutien au mouvement Extinction Rébellion.
Et quels sont leurs propos ?
Ils écrivent que
Le gouvernement suisse au même titre que d’autres gouvernements, a été incapable de mettre en place des actions fortes et rapides pour faire face à la crise climatique et environnementale et qu’ayant renoncé sciemment à sa responsabilité de protéger ses citoyens, il a échoué dans son rôle essentiel.
Pour les signataires de ce texte :
Le contrat social a été brisé et il est dès lors fondé de se rebeller pour défendre la vie en soutenant le mouvement non violent Extinction Rebellion et les actions prévues depuis fin septembre
Autant vous dire que ce type d’engagement public de la part de chercheurs n'est pas monnaie courante. On s’y intéresse cet après-midi de la Terre au Carré.
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