

Il est question d’un des mets préférés des Français, ce matin. Je suis un mollusque bivalve de la famille des Pectinidés. Je possède une robe fauve à l’extérieur, un blanc immaculé à l’intérieur, je suis hermaphrodite et ma glande génitale appelée corail est un délice… Je suis je suis je suis….
La coquille Saint-Jacques !
De son nom scientifique "Pecten Maximus", les biologistes l’adorent. Car non content de posséder de formidables propriétés organoleptiques qui nous mettent l’eau à la bouche, ce mollusque est aussi un outil scientifique qui sert d’archive environnementale… C’est ce que raconte Laurent Chauvaud qui travaille à l’Institut Européen de la Mer à Brest et qui publie aux éditions Équateurs, La coquille Saint-Jacques, sentinelle de la mer. Après avoir lu ce livre, vous ne verrez plus jamais cet animal de la même façon.
Et pour quelles raisons exactement ?
Parce qu’avec sa coquille plissée de lignes élégantes et ses deux valves asymétriques qui s’ajustent parfaitement, "Pecten Maximus" est une véritable machine à remonter le temps. Les coquilles Saint-Jacques sont en effet marquées par les années qui passent. Comme les cernes des arbres les coquilles portent des lignes de croissance qui inscrivent durablement le temps qui s’écoule à leur surface. Le nombre de marques correspondant aux années passées au fond de la mer.
Et Laurent Chauvaud avec son équipe a fait une étonnante découverte. Entre ces marques, la coquille fabrique en effet chaque jour une strie microscopique qui témoigne avec précision de toutes les variations de son environnement direct. Elle garde ainsi dans son squelette tout ce qui s’est passé chaque jour pendant toute sa vie. Et rien qu’en regardant les microsillons de ses coquilles, Laurent Chauvaud est capable de dire quel a été la force du vent, si le coquillage a subi un coup de froid, un excès de nourriture ou la présence de polluants. Tout cela en étudiant les variations des isotopes stables de l’oxygène présent dans le squelette externe d’une coquille Saint-Jacques ! Ces animaux parlent des langages chimiques que Laurent Chauvaud a appris à déchiffrer.
À quoi peut servir ce décryptage de la coquille Saint-Jacques ?
Par exemple à renseigner les chercheurs sur les marées noires. La coquille Saint-Jacques a en effet été utilisée comme archive de la pollution de la catastrophe de l’Erika qui s’est déroulée il y a 20 ans tout juste aujourd’hui. Dans son squelette, la Saint-Jacques a incorporé un élément chimique, le vanadium, qui est la signature du pétrole de l’Erika. On peut aussi étudier de vieilles coquilles millénaires et retracer l’histoire du climat dans des régions très précises du globe. Bluffant non ?
La coquille Saint-Jacques est donc une archive, mais les chercheurs ne savent toujours pas pourquoi elle fabrique une strie quotidienne. En attendant d’autres découvertes, je vous recommande ce livre La coquille Saint-Jacques, sentinelle de l’océan et je vous invite à réécouter le podcast de la Terre au carré avec Laurent Chauvaud qui était notre invité mardi.
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