Vous ne regarderez plus jamais l’évier de votre cuisine de la même manière puisque la créature qui nous intéresse aujourd’hui n’est autre qu’une éponge, le plus ancien animal ayant jamais vécu sur terre.
Il y a plus de 600 millions d’années, apparaissent les tous premiers organismes pluricellulaires et ce sont des éponges. Un biologiste anglais du début du XXe siècle a parlé, à ce sujet, de la première république cellulaire !
L’occasion de saluer un vrai succès évolutif et de se rappeler que notre plus vieil ancêtre est donc une éponge de mer avec laquelle d’ailleurs nous partageons de nombreux gènes. Je sais, ça fait un choc !
Une étude originale vient de paraître dans Current Biology.
Elle montre que les éponges peuvent être utilisées comme de véritables caméras de vidéosurveillances du milieu sous-marin.
Vous pouvez nous en dire plus…
Des chercheurs de l’université de Salford en Angleterre ont eu l’idée d’utiliser des éponges provenant des profondeurs de l’Antarctique et de la Méditerranée pour étudier ce qu’on appelle l’ADN environnemental. L’idée étant de se servir du pouvoir extraordinaire de filtrage de l’éponge pour explorer la biodiversité marine.
Le corps de cet animal est en effet organisé pour faire circuler et filtrer de très grande quantité d’eau. C’est la seule façon pour l’éponge de se nourrir et de récupérer de l’oxygène.
Elle filtre donc toute la sainte journée avec une capacité pouvant atteindre les 10000 litres d’eau en 24 heures. Et figurez-vous que l’éponge en filtrant l’eau conserve aussi la mémoire de son milieu.
Les scientifiques ont donc profité de ce travail d’une grande efficacité pour récupérer des dizaines de milliers d’échantillon d’ADN directement piégés dans les tissus des éponges.
C’est ainsi qu’ils ont pu identifier la présence de différents animaux parmi lesquelles de nombreuses espèces de poissons ou de mammifères comme des phoques ou des manchots.
Les chercheurs affirment que cette technique a le grand avantage de livrer des informations sur la biodiversité marines et d’être l’échantillonneur d’ADN le plus simple et le plus efficace de l’océan.
Est-ce que les éponges sont utilisées pour d’autres applications ?
Oui et elles intéressent beaucoup les chercheurs en raison de leur chimie particulière.
Jean Vacelet, spongiologue à la station marine d’Endoume à Marseille, raconte que les éponges qui sont fixées à demeure sont facilement la proie des prédateurs. Elles ont donc développé de redoutables armes chimiques pour se défendre. Ces substances sont utilisées pour fabriquer des médicaments ou des produits répulsifs en écologie.
Donc respect total pour les éponges qui sont non seulement nos plus lointains ancêtres mais nous rendent aussi d’innombrables services.
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