Les secrets des migrations d’ongulés

Mouflons canadiens dans la région d'Alberta, dans l'Ouest du Canada.
vidéo
Mouflons canadiens dans la région d'Alberta, dans l'Ouest du Canada. ©Getty - Colleen Gara
Mouflons canadiens dans la région d'Alberta, dans l'Ouest du Canada. ©Getty - Colleen Gara
Mouflons canadiens dans la région d'Alberta, dans l'Ouest du Canada. ©Getty - Colleen Gara
Publicité

Des savanes tropicales à la toundra arctique, ces grandes migrations d’ongulés se produisent à travers tous les continents et elles questionnent : comment ces animaux peuvent savoir exactement quand partir et où aller ?

Vous avez surement en tête ces images spectaculaires de grandes migrations avec ces mammifères qui parcourent en masse des distances gigantesques.

Dans quelques jours, par exemple la plaine du Serengeti en Tanzanie va devenir le théâtre de la plus importante migration sur terre avec le déplacement de milliers de zèbres et de gnous qui vont partir des collines du nord en direction des plaines du sud. 

Publicité

On estime à près de deux millions le nombre de ces herbivores participant à cette incroyable transhumance qui fait aussi le délice des crocodiles et des lions qui attendent en salivant le passage de ces hardes de croque-monsieur sur pattes. 

Pourquoi les herbivores migrent-ils ? 

Lorsque les herbivores vivent dans des milieux fortement soumis aux changements saisonniers, la migration est une obligation pour survivre et maintenir un environnement alimentaire favorable qui maximise l’apport énergétique. 

Depuis longtemps les chercheurs subodoraient que ces mouvements migratoires étaient possibles non pas en raison de facteurs purement génétiques mais grâce à l’apprentissage social et à la transmission culturelle.

Pour la première fois ils ont pu tester cette hypothèse à l’échelle de plusieurs États de l’Ouest américain. Là-bas, en raison de la chasse et des maladies, de nombreuses populations de mouflons canadiens ont disparu. Afin de restaurer les populations perdues, des individus ont été transférés dans des paysages vacants.

Le temps d'un bivouac
52 min

Les biologistes de l’Université du Wyoming ont donc posé des colliers GPS sur des ongulés qui ont été transférés dans ces nouveaux habitats où ils n’avaient aucune expérience préalable. Et ils les ont comparé avec des populations historiques d’animaux qui vivaient sur place depuis plus de 200 ans. 

La migration est-elle innée ou acquise ?

Dans un premier temps, les populations réintroduites dans ces lieux où ils étaient dépaysés ne sont pas parvenues à migrer comme le faisaient les troupeaux historiques. Elles étaient totalement désorientées.

Mais après plusieurs décennies, les mouflons sans expérience ont retrouvé leur comportement migratoire grâce aux connaissances acquises. Les informations échangées avec leurs congénères leur ont permis peu à peu de se souvenir des lieux où se trouvaient les emplacements de fourrage de grande qualité. Un processus qui s’est étalé sur plusieurs générations

En savoir plus : L'intelligence animale
La Tête au carré
53 min

Ces résultats sont importants car les migrations d’animaux entrent souvent en conflit avec les activités humaines. Lorsqu’une autoroute ou un oléoduc vient barrer la route des animaux ou qu’une forêt est détruite, le déplacement des bêtes s’en trouve bouleversé. Et c’est toute cette transmission des animaux construite au fil du temps qui est perdue.

Selon les chercheurs, ces connaissances mettront des dizaines d’années voire un siècle avant d’être à nouveau réapprises. 

L'équipe