Ce matin dans l'édito carré, comment les scientifiques étudient l’évolution du Coronavirus.
Elle s’appelle Vittoria Colizza, cette chercheuse en épidémiologie et en santé publique à l’Institut Pierre-Louis modélise avec ses collègues les maladies infectieuses comme le Covid-19 pour étudier en temps réel l’évolution du virus afin d’estimer le temps que va durer la crise et combien de victimes elle pourrait faire.
Pour caractériser l’expansion du virus, Vittoria Colizza travaille sur le nombre d’interactions entre les personnes dans un lieu donné. Pour la France, elle utilise des données issues d’une enquête de 2015 qui donne des informations sur le nombre et la nature des contacts entre les personnes en fonction de l’âge mais aussi du lieu où se produisent les interactions comme à l’école, au travail, dans les transports, ou à domicile. On sait par exemple qu’un enfant à l’école aura chaque jour en moyenne 18 contacts avec d’autres enfants alors que la moyenne pour un adulte en France est de 40 contacts avec d’autres adultes.
Pour modéliser l’évolution de l’épidémie il faut aussi entrer dans la moulinette des ordinateurs les caractéristiques de la maladie qui se propage à l’échelle des populations afin de mesurer sa contagiosité.
Et comment procède-t-on ?
Grâce à une formule mathématique appelée R zéro qui permet de connaître le nombre moyen de personnes qu’une seule personne contagieuse peut infecter. Dans le cas du Covid-19, on estime que le R0 est compris entre 2 et 3. Ce qui signifie qu’un malade symptomatique ou pas contaminera en moyenne entre 2 et 3 personnes, ce qui est un peu plus que la grippe pour laquelle une partie de la population est déjà immunisée et vaccinée.
La modélisation du coronavirus va également permettre d’évaluer l’effet des mesures qui sont prises pour réduire les contacts entre les personnes avec par exemple la fermeture des écoles, le recours au télétravail ou le confinement de la population.
Pour éviter une vague massive de décès, les experts recommandent avec le coronavirus des mesures contraignantes qui permettent de réduire d’au moins 60% les contacts dans la population.
Ces modèles sont donc extrêmement importants pour les décisions à prendre…
Oui puisque c’est sur la base de ces projections, avec également les remontées des services hospitaliers, que le gouvernement a décidé de renforcer la distanciation sociale.
Ce travail de modélisation est donc en cours afin maintenant d’évaluer l’efficacité du confinement et la durée nécessaire pour faire baisser le taux de contamination. Vittoria Colizza rappelle qu’il y a un consensus des experts pour dire que la période de 15 jours de confinement ne sera pas suffisante pour enrayer la propagation du virus. Elle conclue en affirmant qu’il va nous falloir vivre avec cette pandémie dans la durée et que nous devrons sans doute changer notre comportement à long terme en apprenant par exemple à garder plus de distance à l’avenir avec nos semblables.
Nous recevrons Vittoria Colizza avec Bruno Duvic dans le « virus au carré » pour vous nous dire plus cet AM sur les projections autour de la pandémie.
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