Il était devenu, depuis quelques mois, l’ennemi public numéro 1 de la lutte pour la protection de l’environnement avec une prise de conscience qui semblait avoir émergée.
En France, la loi contre le gaspillage pour sortir du plastique jetable avait même été votée.
Et puis badaboum, l’épidémie de coronavirus est passée par là et c’est comme si tout était revenu au point de départ : masques, gants, commandes à emporter, recours au drive, avec le Covid-19, le plastique à usage unique a repris du poil de la bête en refaisant surface dans la vie des consommateurs.
Par crainte de se faire contaminer, nombreux d’entre eux ont, par exemple, recommencé à acheter de l’eau en bouteille et à privilégier les aliments emballés.
Même ici à France Inter, la fontaine à eau a été remplacée par des bouteilles en plastique comme dans le monde d’avant !... Désespérant…
Peut-on chiffrer ce phénomène ?
Depuis le début de l’épidémie, les industriels français du plastique font état d’une hausse de leur activité. Selon Elipso, l’association professionnelle représentant les fabricants d’emballages plastiques en France, la demande a augmenté de 20 à 30% depuis le début du confinement.
Aux Etats-Unis, les lobbies du plastique se sont engouffrés dans l’argument de l’impératif sanitaire en affirmant que les emballages en plastique étaient nécessaires pour sauver des vies. En Europe les choses ne sont pas allées aussi loin, mais le 8 avril dernier, la présidente d’Elipso affirmait quand même que "l’emballage garantissait un effet barrière et qu’il s’agissait de la première protection des produits pour préserver des conditions sanitaires".
Selon Laura Châtel de Zéro Waste France, une association qui promeut la démarche zéro déchet et zéro gaspillage, les lobbies ont clairement la volonté de tirer parti de la crise actuelle.
Et de quelle façon ?
Par exemple, en essayant d’obtenir le report de l’interdiction de certains plastiques à usage unique comme les pailles, les cotons-tiges ou les touillettes à café pourtant votée par le parlement européen pour 2021. Dans une lettre adressée à la Commission européenne, l’EuPC, l’European Plastics Converters écrivait que "tous les matériaux ne sont pas les mêmes face au coronavirus et que le plastique à usage unique était un matériau de choix pour assurer l’hygiène et la sécurité des consommateurs". Le monde à l’envers !
Une affirmation contredite par une étude publiée le 2 avril dans le Lancet dans laquelle des chercheurs de l’Université de Hong-Kong ont mesuré la stabilité du SARS-CoV-2 selon les surfaces où il pouvait se trouver. Sur un matériau comme le papier, 3 heures ont suffi pour que le virus ne soit plus infectieux. Quatre jours pour le verre et dans certains cas, 7 jours pour le plastique.
Depuis quelques jours, les images de masques laissés à l’abandon dans les rues ou sur les plages se sont multipliées, espérons qu’elles suscitent une réaction collective et un nouvel élan dans la lutte contre le plastique.
Nous y reviendrons cet après-midi dans le Virus au carré.
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