Une mouche dans le vin

Et vous, êtes-vous capable de détecter la présence d'une mouche dans votre vin seulement à l'odeur ?
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Et vous, êtes-vous capable de détecter la présence d'une mouche dans votre vin seulement à l'odeur ? ©Getty - Rafa Elias
Et vous, êtes-vous capable de détecter la présence d'une mouche dans votre vin seulement à l'odeur ? ©Getty - Rafa Elias
Et vous, êtes-vous capable de détecter la présence d'une mouche dans votre vin seulement à l'odeur ? ©Getty - Rafa Elias
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Ce matin dans l’Édito Carré vous revenez sur la cérémonie des “Ig Nobel” qui avait lieu jeudi soir à Boston aux Etats-Unis

Ce prix récompense chaque année dix recherches scientifiques en apparence insolites mais qui sont avant tout de vrais sujets d’études pour la science

Cette soirée se déroule au sein de la prestigieuse Université Harvard dans une ambiance totalement déjantée entre lancés d’avions en papier, mini opéra et faux billets de banque.  

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Retenons de cette cuvée 2018 : l’Ig Nobel de nutrition montrant qu’un régime cannibale est beaucoup moins nourrissant qu’un régime alimentaire classique ; ou l’Ig Nobel d’économie qui démontre que le fait de s’acharner sur des poupées vaudou représentants des patrons abusifs, est efficace pour évacuer la frustration d’avoir un con patenté comme supérieur hiérarchique. 

Mais parmi les lauréats figurait un français : Sébastien Lebreton dans la catégorie biologie..

Et quel était son sujet de recherche ? 

Il a été récompensé avec une équipe de l’Université suédoise des sciences agricoles pour avoir démontré que des œnologues pouvaient sentir la présence d’une mouche, uniquement par son odeur dans un verre de vin

Vous vous demandez quel peut-être l’intérêt d’une telle recherche...

Et bien elle commence avec des travaux tout ce qu’il y a de plus sérieux sur la communication olfactive des mouches drosophiles. On sait que la communication chez beaucoup d’animaux passe par l’émission de phéromones, ces molécules chimiques qui provoquent des comportements spécifiques chez les autres membres d’une même espèce. 

En effectuant leurs recherches, Sébastien Lebreton et ses confrères se sont aperçus que seule la femelle drosophile produisait une phéromone particulière avec une odeur très caractéristique afin d’attirer le mâle et stimuler son comportement sexuel. 

Et puis un jour, l’un des chercheurs qui était en train de déguster un verre de vin s’est retrouvé avec une mouche dans son verre. La présence de l’intruse ailée ayant eu pour conséquence d’altérer le bouquet du breuvage. 

Les chercheurs se sont donc demandé si c’était la fameuse phéromone qui était à l’origine de la détérioration du goût du vin. Pour vérifier leur hypothèse ils ont fait appel à un panel d’œnologues pour voir s’ils faisaient la différence entre un verre de vin avec ou sans phéromone de mouche. 

Et alors quel a été le résultat ? 

À l’issue de cette dégustation, tous les experts sans exception ont été capables de percevoir la présence de la phéromone de la mouche dans les verres de vin alors même qu’elle n’est présente qu’en quantité infime (de l’ordre du nanogramme). 

Ce qui questionne les chercheurs c’est de comprendre pourquoi au cours de l’évolution le nez humain est devenu aussi sensible dans la détection de la phéromone de mouche alors que cette odeur est à priori peu présente dans la nature. Pour l’instant ils n’en savent rien. Cette étude en apparence loufoque a fait l’objet d’une publication dans une revue de chimie et elle vient donc de remporter l’Ig Nobel de biologie. 

L'équipe