L’édito éco de Dominique Seux, des Echos. Ce matin, vous célébrez les 20 ans d’Amazon, l’entreprise américaine de commerce en ligne.
« Célébrer », le mot est fort, évoquer en tous cas. C’est vrai, on a l’impression qu’Amazon, Google, Apple sont des géants tout jeunes encore -c’est leur talent de nous le faire croire-, mais ils vieillissent eux aussi doucement. Amazon est né précisément à la mi-juillet 1995. Et comme souvent aux Etats-Unis, cela commence presque dans un garage et comme une belle histoire. Le fondateur et toujours patron aujourd’hui, Jeff Bezoz, à la fois brillant, radin et colérique, empaquette le 16 juillet son premier livre pour servir un client. Ce client l’a commandé sur le site Internet qui vient d’être lancé. Client d’œil du Dieu de l’e-commerce, ce premier livre expédié porte sur l’intelligence humaine.
Vingt ans plus tard, Amazon est un géant ...
La marque est connue dans le monde entier, bien plus que beaucoup d’entreprises dix fois plus anciennes, Amazon se conjugue dans toutes les langues, le chiffre d’affaires s’approche des 100 milliards d’euros et il y a 100.000 salariés dans le monde. Soyons très concret : Amazon est le premier client de La Poste en France, 17% du chiffre d’affaires de notre Poste nationale. Aujourd’hui, Amazon vend des livres, mais aussi des chaussures, des fruits et légumes, des cours de maths, du stockage de données informatiques dans ce qu’on appelle le cloud et des prestations de ménage ! Bref, on trouve de tout comme autrefois à La Samaritaine ! Mais il y a eu des superbes flop, comme dans la téléphonie.
Quelle est la recette du succès ?
Les recettes. La recette numéro un, c’est d’avoir été un des premiers sur le créneau du e-commerce au bon moment, ni trop tôt, ni trop tard. Mais la recette numéro deux, c’est d’avoir sans cesse investi, investi et encore investi. Jeff Bezos se lance tout le temps sur de nouveaux territoires et ... ne distribue rien à ses actionnaires. Du coup, Amazon ne fait pas de bénéfice, et est même en perte régulièrement. Au bout de 20 ans, cela devrait avoir dégoûté les actionnaires ... , mais non, ils sont masochistes et en redemandent. L’action a grimpé de presque 300% en cinq ans et de 60% depuis janvier. La capitalisation : 200 milliards de dollars, bien plus que le PIB de la Grèce – excusez de revenir à une autre actualité.
Il y a quand même des failles à ce modèle ?
Il y a la grande question : quels effets a le commerce en ligne sur les emplois et les activités économiques traditionnels ? Vaste sujet. Il y a des nouveaux concurrents, le géant chinois Alibaba. Il y a le fait, moins connu, que la croissance du commerce en ligne ralentit dans les pays développés – comme si on avait atteint un palier. Et il y a la question du comportement disons non citoyen de ces géants. Amazon payait ses impôts au Luxembourg. Face au tollé, il a annoncé il y quelques semaines qu’il paierait dans chaque pays. Tant mieux. On espère qu’il fera des bénéfices avant son anniversaire de 40 ans.
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