Le PS pousse le gouvernement à baisser les impôts. A-t-il une chance de réussir ?
A priori oui. La vraie question, c’est de savoir quel impôt actionner, et les dirigeants du Parti socialiste en ont débattu hier . Ceci dit, le gouvernement devrait faire un geste fiscal l’an prochain, pour deux raisons. D’abord, l’élection présidentielle approche. Dans son célèbre discours du Bourget en 2012, François Hollande lui-même avait dit qu’il y aurait dans son quinquennat l’effort budgétaire puis le temps de la redistribution. Nous y voilà.
Ensuite, les socialistes au pouvoir ont beaucoup baissé les prélèvements sur les entreprises. Quarante et un milliards d’euros au total, ça ne ressemble pas à une bonne vieille politique de gauche. En face, il y a eu trois petits milliards pour les particuliers.
Il faut rééquilibrer au moins un peu. Ne serait-ce que pour dissuader les députés socialistes de remettre en cause les baisses d’impôts des entreprises. François Hollande a rappelé hier qu'il n'était pas question d'y toucher.
Quel impôt pourrait diminuer ?
Le but, c’est de baisser l’impôt des pauvres. Des socialistes voudraient bien que la CSG devienne progressive, qu’elle baisse sur les petits revenus. Pour mémoire, la CSG, c'est la contribution sociale généralisée, prelevée à la source sur tous les revenus dès le premier euro gagné. C’est ce que proposent les députés Jean-Marc Germain et Guillaume Bachelay dans un rapport examiné hier par le bureau national du PS. Mais ça pose plein de problèmes techniques et juridiques, avec le risque de voir la mesure retoquée par le Conseil Constitutionnel.
On pourrait aussi imaginer une baisse de la TVA sur les produits de première nécessité comme le pain, mais malheureusement les riches en achètent aussi.
Le gouvernement va donc sans doute à nouveau baisser l’impôt sur les bas revenus, comme il l’a déjà fait cette année. Mais ce n’est pas optimal : comme la moitié des Français ne paient pas cet impôt, les bénéficiaires font fatalement partie de la moitié la plus aisée. Ce n’est pas une mesure très à gauche.
Avant une élection, c’est pourtant assez classique…
Evidemment. En France, on n’arrête pas de réduire l’impôt sur le revenu avant la présidentielle, gauche et droite confondue. Seule exception : François Fillon en 2012, qui voulait éviter la faillite. Mais Chirac avant 1988, Balladur avant 1995, Jospin avant 2002, Villepin avant 2007, chaque Premier ministre y est allé de son allègement. On s’étonne presque de devoir encore payer des impôts.
Mais alors, justement, pourquoi paie-t-on encore des impôts ?
C’est ce qui m’embête dans cette histoire. Pour baisser vraiment les impôts, il n’y a que trois solutions.
Soit une corne d’abondance fait rentrer l’argent à flots dans les caisses du Trésor Public, mais ce n’est pas le cas.
Soit on augmente la dette, mais ce n’est pas souhaitable car on risque un jour de ne plus trouver de prêteur.
Soit on réduit vraiment la dépense publique mais aucun gouvernement de gauche comme de droite ne s’y attaque sérieusement.
Conclusion : l’impôt qui baisse sera fatalement suivi d’un impôt qui monte. Mais je vous rassure, ça sera après les élections.
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