Le nucléaire français gagne ces jours-ci des points en Chine.
Emmanuel Macron et Xi Jinping ont donné leur bénédiction, hier à Pékin, à un méga-contrat entre Areva et son équivalent chinois pour construire une usine de retraitement du combustible nucléaire en Chine. Cela n’est pas tout à fait conclu -il y a 10.000 pages d’annexes ! -, cela fait des années qu’on en parle, il faudra encore un peu de temps, et (point clé), sa localisation n’est pas connue parce qu’il y a une opinion publique en Chine qui râle (eh oui). Mais cela avance. Pour Areva, ce sont 10 à 12 milliards d’euros garantis, c’est beaucoup. Cette usine, c’est un peu comme La Hague, on retraitera et recyclera des déchets nucléaires, 800 tonnes par an. Voilà la première annonce. Et par ailleurs, a été confirmée la mise en route prochaine d’un des deux réacteurs EPR (ce que l’on appelle la 3ème génération) construits avec l’aide d’EDF à Taishan.
Au total, ce sont des bonnes nouvelles pour le nucléaire tricolore qui en a peu ces temps-ci. Mais surtout, cela montre que le nucléaire n’est pas mort. La Chine a 39 réacteurs en activité, 18 sont en construction, ce qui fait bientôt presque autant que les 58 français et si on rajoute une vingtaine de projets à l'étude, elle se dirige vers les 100 réacteurs américains. La Chine a une soif incroyable d’énergie pour son développement inédit dans l’histoire de l’humanité et fonce à la fois sur le nucléaire et les renouvelables pour compenser le charbon si polluant.
Cela va-t-il pour autant sauver la filière nucléaire française ?
D’abord ces contrats, quoi que l’on pense du nucléaire, sont la reconnaissance de la qualité des ingénieurs français.
Ensuite, cette usine de retraitement va permettre à Areva de garder un peu la tête hors de l'eau après être passé tout près de la faillite. Mais il faudra d'autres clients - on ne voit pas trop qui.
De son côté, EDF se bat financièrement sur un double front. En France, avec une concurrence qui progresse. A l’international, l’EPR de Taishan sera le 1er en fonctionnement au monde, avant Flamanville, avant Olkiluoto, en Finlande et une fois que les Chinois sauront le faire, ils sauront. Ce qui est sûr est qu'EDF mise très gros sur cette technologie. On espère bien sûr que les autorités de sûreté nucléaire chinoises sont aussi sérieuses qu’en France et n’obéissent pas en priorité au Parti communiste.
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