Ce jeudi matin, on va parler d’économie ... familiale : comment se prennent les décisions financières dans les couples ?
Oui, une étude sur le sujet a été mise en ligne hier sur le site du Credoc, le centre de documentation sur les conditions de vie. Elle re-mouline des données de l’Insee de 2012. C’est donc, vous voyez, un travail sérieux. Dans ce que je vais dire, les couples qui prennent leur petit-déjeuner dans leur cuisine ou piétinent dans les embouteillages se reconnaîtront peut-être ! La bonne nouvelle, c’est que 97% des couples se disent satisfaits de l’organisation financière qu’ils ont mis en place. Mais ce qui est notable et a manifestement surpris les chercheurs, c’est que les deux tiers des couples (64%) mettent en commun l’intégralité de leurs ressources – en clair cela veut dire ont un compte commun sur lequel arrivent les revenus et sur lequel chacun dépense comme il l’entend. Une minorité conjugue compte commun et une certaine autonomie. Et très rares finalement sont les couples qui séparent totalement leurs affaires, chacun gérant ses revenus et ses dépenses avec une clé de répartition sur les dépenses communes.
Dans le détail, il y a d’autres informations intéressantes.
Oui, alors, les couples mariés sont de loin les plus nombreux à tout mettre en commun (trois sur quatre) ; les couples pacsés ou non mariés, c’est plus ou moins un sur trois seulement. Ce qui est curieux -aucune explication ne me vient à l’esprit immédiatement-, c’est que la mise en commun est moins forte pour les revenus et les diplômes plus élevés : peut-être partage-t-on moins que quand on a plus à perdre ... Peu surprenant en revanche, le choix du pot commun fonctionne moins quand l’un des conjoints a déjà connu une expérience de vie commune avant : chat échaudé craint l’eau froide !
Alors, quels enseignements peut-on tirer de tout cela ?
Revenons à la conclusion principale : deux couples sur trois mettent tout en commun. Cela veut dire, et c’est très rassurant, que l’on ne se surveille pas, que l’on se fait confiance – et surtout que le projet conjugal (on utilise des grands mots) domine largement les questions d’argent. On peut trouver cela banal comme conclusion, mais si on réfléchit une minute, on voit que cela est en contradiction avec la tendance que l’on décrit comme montante partout, celle de l’individualisme dans la société française. Ce sont les chercheurs du Credoc qui le disent. Les aspirations individuelles existent -heureusement-, notamment professionnelles, mais l’argent reste en commun. Pas seulement pour construire une égalité dans le couple, mais parce que l’intimité exclut les arrangements financiers. Au total, c’est rassurant : il y a un lieu où l’argent n’est pas tout, c’est la famille – bon cela n’exclut pas les frictions.
Vous en tirez une conclusion plus large ?
J’élargis beaucoup, mais avec ces résultats, on voit que au-delà du cercle conjugal, tout ce qui est économie du partage et collaborative, où l’usage l’emporte sur la possession, a un très bel avenir devant lui.
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