Le choc économique va être immense à court terme - et il l'a été en Chine. Pour la première fois, son ampleur à moyen terme va dépendre de nos comportements sociaux.
La situation évolue si vite qu’il faut assumer, sur ce terrain, à la fois une grande humilité et une certaine assurance.
Humilité parce qu’on ne sait pas.
L’assurance, c’est malgré tout cette certitude-ci : pour écrire des scénarios, en ce moment, on a moins besoin d’économistes que de personnels soignant pour guérir et d’épidémiologistes.
L’économie est donc seconde. Mais bien sûr c’est très difficile à entendre pour tous les acteurs économiques dont le chiffre d’affaires disparaît littéralement – et on pense à eux. Quand toute l’économie de proximité est mise en rideau, en blackout, le commerce, des TPE, parfois la production elle-même (Michelin a annoncé la fermeture de ses usines dans plusieurs pays européens), c’est un cas inédit.
Mais attention : nous ne sommes pas du tout ans le même cas qu’en 2008 : l’économie subit le virus, le virus n’est cette fois pas au cœur de l’économie.
Cela a une conséquence très concrète et très importante. Le choc va être énorme – cela veut dire que l’on peut avoir une économie qui baisse temporairement à un ou deux chiffres (5, 10%, 15% ?). Dans certains secteurs ce sera même activité zéro pendant un certain temps. Que dit l'exemple chinois ? On l'a appris ce lundi matin : sur les deux premiers mois de l'année, la production industrielle a connu un repli de 13,5% sur un an, contre +6,9% en décembre. Les ventes de détail, reflet de la consommation, ont pour leur part chuté de 20,5% par rapport à janvier-février 2019, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS).
Mais l’ampleur de ce choc va dépendre totalement de la durée de l’épidémie. Et la durée de l’épidémie va dépendre du comportement de chaque individu. On sait que l'économie dans son ensemble dépend des comportements individuels des consommateurs, épargnants, chefs d'entreprise. Cette fois-ci, elle dépend de nos comportements sociaux.
La bonne nouvelle (il faut la chercher beaucoup), c’est que moins longtemps la crise durera, moins la récession sera profonde – avec les pertes d’emplois et de revenus qui vont avec. Il y a au fond un scénario que l’on a envie de voir : imaginons cette épidémie stoppée dans deux ou trois mois, la vie et l’économie pourraient repartir selon une courbe en V : une chute puis une remontée rapides.
C’est peut-être ce que l’on verra en Asie. Cela serait le scénario dit de 1944, celui de l’immédiat après-guerre, à la différence près que rien cette fois ne serait cassé.
A court terme, des décisions doivent être prises.
Selon les informations des Echos, le gouvernement travaille sur un plan de sauvetage d’une grosse trentaine de milliards d’euros – avec des choux et des carottes, report d’impôts, aides en crédits, chômage partiel etc. Les entreprises demandent plus : une ligne générale de garanties, comme Berlin qui s’engage à hauteur de 500 milliards.
Mais honnêtement, cela change toutes les heures et encore une fois, c’est la durée de l’épidémie qui fera tout.
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