Emmanuel Macron à l’Elysée, un juppéiste à Matignon et d’autres proches de l’ancien Premier ministre prêt à se rallier : qu’est-ce que cela signifie en économie ?
Edouard Philippe revendiquant sa proximité intellectuelle avec Alain Juppé, on peut se demander en quoi les deux approches sont compatibles, mais aussi ce qui les distingue. D’abord, un point commun dans la forme : la volonté d’apaisement, autant chez le Juppé des Primaires de la droite que chez Emmanuel Macron. Le refus d’hystériser le débat public et de la radicalité chez l’un comme chez l’autre. Sur le fond maintenant, le diagnostic et les priorités ne sont pas tellement différentes. Simplification du droit du travail avec un grand rôle donné aux accords d’entreprise, transfert des charges sociales vers une assiette large pour faciliter les embauches, diminution des déficits publics, inscription de la politique économique dans le cadre européen, autonomie des établissements scolaires : il y a une direction commune, du coup un certain nombre de juppéistes n’ont pas l’impression de trahir leur camp en faisant des offres de services. Avec les projets des autres grands candidats de la droite, la convergence saute moins aux yeux.
Mais il y a quand même des différences ?
Edouard Philippe qui s’installe à Matignon, c’est pour appliquer le programme du président, pas un autre. Donc, il va avaler son chapeau sur certains sujets. Edouard Philippe soutenant la campagne de Juppé voulait la fin des 35 heures et le retour aux 39 heures, pour Macron c’est non. Il militait pour 200 à 250.000 suppressions de postes de fonctionnaires, Macron est sur la moitié. Enfin, la suppression de la taxe d’habitation pour quatre Français sur cinq est une mesure du président, envisagée par personne à droite. Qu’est ce que tout cela nous dit ? Que les deux hommes sont largement compatibles sur la ligne d’un libéralisme social, mais qu’il y a un patron et que ce sera plus Edouard Macron qu'Emmanuel Philippe. Cela étant, il y aura forcément, c'est inévitable, des frottements et des calages. Une anecdote est révélatrice. Emmanuel Macron voulait choisir le directeur de cabinet d’Edouard Philippe et lui a proposé le nom de Nicolas Revel, actuel patron de l’assurance maladie et ancien haut collaborateur de François Hollande à l’Elysée, comme lui. Edouard Philippe a refusé, voulant choisir lui-même son équipe et C une des raisons du retard de l’annonce.
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