Le climat des affaires s’améliore en France, selon l’Insee. La reprise est-elle enfin là ?
En tout cas, trois signes encourageants sont tombés hier. D’abord ce fameux climat des affaires, qui résume les avis des chefs d’entreprise sur leur activité. En juillet, on est pratiquement remonté à la moyenne de long terme : du jamais vu depuis quatre ans.
Deuxième signal, la Caisse de la Sécu annonce que les entreprises font plus de déclarations d’embauche. C’est un indice favorable pour l’emploi.
Troisième signal, l’agence de notation Moody’s considère que les perspectives des banques françaises ne sont plus négatives mais stables. Tout ça va dans le même sens : l’activité repart enfin après trois longues années de marasme.
C’est donc le retour de la croissance ?
Oui, et ça fait du bien. Le revenu moyen par tête va progresser alors qu’il avait diminué depuis 2011. L’argent rentre mieux dans les caisses de l’Etat, ce qui desserre la pression de Bruxelles sur Paris. L’inversion de la courbe du chômage pourrait enfin passer dans quelques mois de la case « promesse » à la case « réalité ». On respire.
Le problème, c’est qu’on ne respire pas beaucoup. La production est sur une pente annuelle de progression de un et demi pourcent. Sans vouloir faire du Raymond Devos, c’est mieux que rien mais c’est pas grand-chose. Normalement, quand ça repart, ça va plus vite, un peu comme l’élastique qu’on lâche. Après la récession du choc pétrolier en 1975, le PIB avait bondi de plus de 4%. Après les mauvaises années 1993 et 2009, on était à au moins 2%.
Cette fois-ci, ce n’est pas vraiment une reprise. On pourrait parler de « croissance pépère », ce qui est d’ailleurs l’un des surnoms du président de la République.
Pourquoi l’économie française va-t-elle si lentement ?
Parce qu’elle reste plombée.
Les consommateurs paient moins cher le plein à la pompe, ce qui leur laisse de l’argent pour acheter d’autres choses…mais ils ne choisissent pas toujours du made in France.
Les chefs d’entreprise ont plus d’argent pour investir… mais comme leurs machines ne tournent pas assez, ils attendent encore un peu.
Les exportateurs profitent de la baisse de l’euro pour vendre moins cher et donc plus facilement… mais des marchés émergents comme la Turquie ou la Chine ont beaucoup ralenti.
Il y a dans l’économie française le jaune d’œuf, l’huile, la moutarde mais la mayonnaise ne prend pas.
Qu’est-ce qui manque pour faire monter cette mayonnaise de la reprise ?
Peut-être un peu plus d’huile, mais aussi un batteur.
Ce batteur pourrait venir de l’étranger, avec par exemple une poussée de la demande venant de nos grands clients comme l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni. Ce n’est pas le plus probable.
Le coup de fouet pourrait aussi venir de l’intérieur, avec des entreprises devenant beaucoup plus compétitives, comme on l’a vu en Allemagne dans les années 2000. Ou avec des réformes à pas de géant qui dynamiseraient le pays. Mais pour l’instant, on voit surtout des pas de souris.
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