Entreprises : le blues des cols blancs

Blues des cols blancs : le télétravail a mis en lumière, l'inutilité de certains postes
Blues des cols blancs : le télétravail a mis en lumière, l'inutilité de certains postes ©Getty - Oliver Rossi
Blues des cols blancs : le télétravail a mis en lumière, l'inutilité de certains postes ©Getty - Oliver Rossi
Blues des cols blancs : le télétravail a mis en lumière, l'inutilité de certains postes ©Getty - Oliver Rossi
Publicité

Les réorganisations en cours dans des grandes entreprises concernent désormais aussi des emplois de cadres au plus près du sommet, dans les sièges des groupes. Le télétravail a fait apparaître l'inutilité de certains emplois et une bureaucratisation inefficace.

On le sait : en période de récession économique, les plans sociaux touchent souvent les cols bleus : ceux qui travaillent dans les usines et les sites industriels. Eh bien, la nouveauté est que cette crise éco-sanitaire fait d’autres victimes : les cols blancs, c’est-à-dire les cadres, notamment ceux des sièges des grandes entreprises. Quand on regarde de près les dernières restructurations annoncées, c’est ce que l’on voit : chez Accor, Danone, Michelin, chez Saint-Gobain ou Total. 

Pourquoi ? L’épidémie a fait basculer une grande partie des cadres en télétravail

L'Édito éco
2 min

Ce télétravail a montré aux patrons que certains cadres des états-majors ne sont pas aussi indispensables qu’ils le pensaient.

Publicité

Soyons concret : dans les réunions à distance, avec les outils numériques, pour être efficace, il faut être peu nombreux. 

Si on peut être moins nombreux que d’habitude et que le travail avance quand même, cela veut dire quoi ? Que tout le monde n’est pas utile.

En distanciel (comme on dit), on repère aussi plus facilement ceux qui ne disent rien, ont une faible plus-value. Enfin, les groupes du CAC 40 ont beaucoup grossi depuis dix ans (avec des acquisitions), ils ont créé des bureaucraties internes dont on peut se passer dès lors que les filiales des pays émergents ont grimpé en compétences. 

Bref, "c’est la fin des bullshit jobs", selon la formule d’un patron que cite David Barroux, journaliste aux Echos dans un article publié aujourd’hui - je traduis sobrement bullshit jobs : les jobs à la con. 

C’est intéressant parce que la formule bullshit jobs a été inventée en 2018 par l’intellectuel américain David Graeber pour désigner y compris les métiers peu qualifiés.

L’histoire tourne : ce sont désormais aussi des emplois d’en haut qui sont menacés (NDLR : erreur de ma part, Graeber désigne comme bullshit jobs les seuls emplois hautement rémunérés qui ne servent à rien).

Si on était cynique, on dirait que la suppression de postes d’en haut fait moins de bruit et suscite moins de compassion que quand il s’agit d’emplois d’en bas. 

Quelles conséquences cela-a-t-il ? 

Le Téléphone sonne
34 min

Dans les sièges des grands groupes, l’utilisation massive des outils numériques est un acquis irréversible, et si on y ajoute l’amaigrissement des équipes dont on parle, on peut imaginer que 

1 - les hiérarchies s’aplatissent (moins d’échelons intermédiaires) 

et 2 - des entreprises vont diminuer les surfaces de leurs sièges, de leurs immeubles de bureau. 

Et voilà comment, après ces deux minutes, nous allons peut-être faire passer une mauvaise journée à des cadres qui se demandent au petit-déjeuner s’ils ont des bullshit jobs. Rassurons-les : s'ils écoutent Inter, ce ne peut pas être le cas.

L'équipe