Ce matin : cette zone euro qui ne sait pas se défendre.
On évoque le tout dernier livre du Prix Nobel de l’économie américain Joseph Stiglitz. C’est un ouvrage qui explique que l’euro menace l’avenir de l’Europe. A cette occasion, il vient d’effectuer une tournée des médias - il est d’ailleurs passé dans l’émission de Nicolas Demorand. Ce qui surprend, ce n’est pas le livre, c’est le fait qu’aucun partisan de l’euro ne se soit levé pour dire : eh oh halte là, je ne suis pas d’accord. Aucune personnalité politique française ou européenne, aucun grand économiste. Silence radio. Les euro-partisans, on n’ose plus dire europhiles, rasent les murs.
Un mot sur la thèse de Stiglitz ?
Pour le Nobel, l’euro est responsable du chômage élevé dans les pays faibles, de la croissance molle, des populismes. C’est une impasse. La meilleure façon de sortir de l’impasse, c’est d’arrêter l’euro, en douceur, dit-il, à l’amiable. En fait, l’euro ne pouvait pas marcher, les économies étaient trop divergentes, et aucun mécanisme sérieux de convergence et d’assistance mutuelle n’a été mis en place. Bref, pour lui, chacun doit revoler de ses propres ailes et retrouver de la compétitivité par la dévaluation.
A-t-il raison ?
Sur le plan rationnel, il a raison: l’euro a de gros défauts. Mais Stiglitz se trompe sur deux points. Un: l’euro est d’abord un projet politique, il s’agit de rapprocher des pays qui ont mille ans d’histoire pour faire bloc, cela prend du temps, le dollar ne s’est pas fait en un jour. La France était auparavant humiliée d’aller quémander des dévaluations à Bonn. Deux: les choses évoluent, les banques sont mieux protégées, les fonds de secours sont en place pour les Etats en difficulté. La BCE permet d’avoir des taux d’intérêt à zéro %. Mais surtout, l’euro n’a que 17 ans.
Tout est donc une question du temps ?
Le jugement de l’américain Joseph Stiglitz est bancal, il oublie la politique. Si on avait dit à Merkel il y dix ans qu’elle aurait aidé la Grèce et le Portugal et que la BCE ferait ce qu’elle fait, elle se serait étranglée. Mais il finira par avoir raison si des étapes ne sont pas franchies. Le problème est qu’entre les réfugiés et le Brexit, on ne voit rien venir. Et encore une fois, le plus stupéfiant est que face à l’accusation, il y ait si peu d’avocats.
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