François Fillon a donc publié une longue tribune dans Le Figaro sur la santé...
Tribune dans laquelle il amende son projet : plus question de limiter les remboursements de l’assurance maladie aux maladies graves, les moins graves étant payées par les complémentaires auxquelles chacun cotise. Le candidat des Républicains assure que l’Assurance maladie couvrira les soins comme aujourd’hui. Bref on calme, on recule. Cette polémique de trois semaines est à l’évidence embarrassante sur le plan politique pour François Fillon : on voit que son projet et son équipe ne sont pas aussi carrées et préparées qu’il le disait -l’embarras de Jérôme Chartier était d’ailleurs clair au micro de Léa Salamé hier. Celan étant, toujours sur le plan politique, on est tenté de dire aussi que c’est mieux d’adapter son projet avant l’élection qu’après parce qu’on a promis la lune ou raconté des histoires. Cela arrive…
Mais la polémique est, dites-vous, économiquement hypocrite.
J’irai même plus loin Patrick : je dis qu’elle est cornecul. On parle de 9 lignes dans un projet de 16 pages sur la santé, mais surtout tous ceux qui lui sont tombés dessus font comme s’il n’y avait aucun problème. L’assurance maladie est en déficit et le vieillissement de la population fait que les personnes en affection de longue durée sont et vont être de plus en plus nombreuses (cancers, diabète, hypertension artérielle, insuffisance rénale). Un Français sur six aujourd’hui, un sur cinq dans cinq ans. Sans oublier le coût des nouveaux soins. Par exemple, le traitement de l’Hépatite C coûte 50.000 euros par personne, et il faut absolument l’étendre. Les immunothérapies, les robots médicaux ne sont pas gratuits non plus. Au total, les dépenses grimpent entre 2 et 4% par an naturellement mais on ne peut pas augmenter les cotisations à l’infini.
Donc, quelle solution ?
Au débat politique de répondre. Disons juste que l’approche gros risque-petit risque n’est pas privilégiée par les spécialistes. Jamais un médecin ne dira grosse bronchite c’est grave, petite bronchite ce n’est rien. Les économies passent par l’évaluation du service rendu par les médicaments, la réorganisation du système de soins. Bref, de l’ennuyeux, du peu spectaculaire. Pas de révolution donc mais contrairement à ce qu’entonne le chœur des immobilistes, il faudra bien continuer d’évoluer.
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