Hôpital : les racines du mal

Octobre 2019 : manifestation pour l'hôpital public
Octobre 2019 : manifestation pour l'hôpital public ©AFP - JEROME LEBLOIS / HANS LUCAS
Octobre 2019 : manifestation pour l'hôpital public ©AFP - JEROME LEBLOIS / HANS LUCAS
Octobre 2019 : manifestation pour l'hôpital public ©AFP - JEROME LEBLOIS / HANS LUCAS
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Ce jeudi le jeudi noir des blouses blanches est le résultat de choix effectués par la société toute entière qui ne tiennent plus.

C'est certain : Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, va ouvrir son portefeuille pour l’hôpital. 

Mais au fait de quoi parle-t-on ? L’effort pour la santé n’a jamais cessé de grimper, il a même triplé depuis les années 50, en passant de 3% à près de 9% du PIB quand on regarde la consommation de biens médicaux (Rapport comptes 2018, page 22).  

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Mais qui en a véritablement profité ? En réalité, et c'est contre-intuitif, l’hôpital moins qu’on le croit, avec un effort de la Nation resté stable, à 4% du produit intérieur brut alors que le vieillissement de la population et les traitements de pointe coûtent de plus en plus cher. 

Cela ne veut pas dire que les moyens des hôpitaux n’ont pas augmenté, mais ils ont moins augmenté que d’autres. Soyons concrets : depuis 2000, l’enveloppe hospitalière, c'est +67%, moins que celle des soins de ville (+80%) et des transports sanitaires (+145%)

Plus fondamentalement, qu’est-ce cela veut dire ? 

Deux choses. 

Un : les gouvernements de droite et de gauche ont eu la même priorité depuis vingt ans. Que les Français paient de leur poche le moins possible pour leur santé et qu’ils continuent de choisir librement leur médecin. Effectivement, le reste à charge (7%) est le plus faible des pays développés (prise en charge des Affections de longue durée -ALD-, remboursement de l'optique et des soins denbtaires par ce gouvernement), et effectivement, le système en ville est libéral : on choisit son médecin. Enfin, la plupart des malades ont droit aux traitements jusqu'au bout de la vie - ce qui n'est toujours le cas ailleurs. 

Conséquence de ces choix : la pression financière ne porte pas sur les malades mais sur les professionnels de santé. Lesquels ? 

Deuxième point, justement : l’Etat ne contrôle que deux choses en direct, les hôpitaux et le prix des médicaments. C’est donc là qu’il met la pression, les investissements, pour tenir les coûts.  

Mais cela ne tient plus. 

-Parce l’hôpital a pris en partie une place qu’il n’aurait pas dû prendre, celle de la médecine de ville et des maisons pas assez médicalisés pour personnes âgées. 

-Parce que des compromis boiteux sautent : ainsi la promesse d’un départ à la retraite précoce pour les personnels soignants a longtemps compensé la faiblesse des salaires. Mais la retraite s’éloigne et se loger en ville est cher. 

-Parce qu'il y a moins de médecins-soldats (comme il y a des moines-soldats) qui consacrent toute leur vie au travail. 

Sur le papier, il faudrait mieux articuler la ville et l’hôpital, les soins et la prévention - cela existe déjà en dermatologie, pour le cancer du sein et du colon - et il faudrait mettre fin à la tarification à l’activité qui multiplie les actes inutiles (mais beaucoup de professionnels tiennent plus qu'ils ne le disent à la T2A). Mais c’est plus facile à dire à ce micro qu’à faire.

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