

Les géants américains du numérique viennent de publier leurs résultats, et encore une fois, ils donnent le tournis…
- Etienne Lefebvre journaliste
A eux trois, Google, Microsoft et Apple gagnent désormais 5 milliards de dollars par semaine. Deux fois plus qu’il y a un an. Pour vous donner une idée, avec Amazon et Facebook, ils dégagent plus de profits en un trimestre que tout le CAC40 en un an.
Et je prends pour base les meilleures années des groupes français. Les Gafa ont en prime un rythme de croissance digne des start-ups, alors qu’ils sont devenus gigantesques. Et la crise sanitaire a accéléré le mouvement : e-commerce, réunions à distance, 5G, tous leurs marchés ont le vent en poupe.
Quant aux nuages évoqués ici ou là -comme la pénurie de semi-conducteurs- cela ne va pas troubler leur sommeil. On a bien du mal à voir comment leur puissance pourrait être remise en cause : ils peuvent embaucher les meilleurs, racheter ceux qui pourraient les menacer et multiplier les paris à fonds perdus !
Aucune issue pour les Européens ?
Disons que ce n’est pas la réforme de la fiscalité mondiale qui va changer la donne. Les Gafa vont payer un peu plus d’impôt avec la taxation à 15%, mais pas beaucoup plus, et le surplus ira surtout dans les caisses du Trésor américain.
Les Gafa ont plus à redouter de la régulation de leurs activités. Car partout dans le monde, leur puissance inquiète. En Chine, bien sûr, et en Europe, où la Commission multiplie les enquêtes pour pratique anti-concurrentielle, de Google notamment, qui vient d’écoper d’une amende de 500 millions en France.
Les Européens doivent surtout légiférer d’ici deux ans pour mieux contrer les pratiques de monopole, quand une plate-forme bloque un nouveau concurrent ou favorise ses propres contenus. Mais le combat le plus rude sera peut-être mené aux Etats-Unis.
Les Américains pourraient-ils un jour démanteler leurs propres champions ?
C’est déjà arrivé par le passé et en tout cas, l’administration Biden ne semble pas prête à leur faire des cadeaux, pas plus que le Congrès d’ailleurs. Il y a un changement de ton à tous les étages.
Avant sa nomination à la tête de l’antitrust, Lina Khan a beaucoup œuvré pour durcir le droit de la concurrence. Elle inquiète en particulier Amazon, qui craint de se voir imposer une scission de ses activités. Mais c’est évidemment un chantier au long cours, car les Gafa ont les moyens, beaucoup de moyens, pour se défendre.
A plus court terme, il y a une autre raison d’espérer, c’est la concurrence féroce entre les Gafa eux-mêmes. De quoi éviter, pour l’instant, des rentes nuisibles aux consommateurs.
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