

Aix, c’est un rendez-vous annuel organisé par une trentaine d'économistes, qui échangent avec des entreprises, des étudiants, des syndicalistes et des politiques.
Quels économistes ? Entre autres, Philippe Aghion, Hélène Rey, Jean Pisani-Ferry, Jean-Hervé Lorenzi, Françoise Benhamou, Patrick Artus, Laurence Boone, Hippolyte d’Albis... Bref parmi les meilleurs français.
Naturellement, ce week-end, les sujets sur la table étaient ceux du moment : solidité ou pas de la reprise, menace que fait planer le variant Delta sur la rentrée, retard technologique européen.
Mais la transition écologique a été évoqué comme elle ne l’avait jamais été depuis vingt ans
Tandis que les fractures entre générations et les inégalités de chances ont constitué une sorte de fil rouge invisible. Dans leur cahier de doléances final, ces économistes défendent, mais oui, un relèvement des bas salaires, un revenu garanti pour les jeunes (avec des contreparties) et une tarification générale du carbone.
D’où une vraie question : les économistes classiques, dits mainstream, se rallient-ils -dix ans plus tard- aux thèses de ceux qui critiquent parfois violemment et depuis longtemps l’économie ou la mondialisation ?
Et ? Oui -et non.
Oui, le vent a tourné partout. La meilleure preuve est que les deux endroits où on a trouvé pendant longtemps les conceptions économiques les plus classiques sur la mondialisation et l'énergie, l'OCDE et l'Agence Internationale de l'énergie, ont complètement tourné casaque -c'est à l'OCDE que l'impôt minimal mondial est né.
A Aix, les économistes, comme tout le monde, se sont dits frappés par la radicalité d’une partie des générations dites montantes, sur ces questions climatiques et d’inégalités - ils la constatent tous chez leurs étudiants à l’université.
Mais l’élément intéressant et différenciant avec les économistes dits hétérodoxes est que les libéraux cherchent les réponses opérationnelles, pas théoriques aux problèmes posés ; les réponses possibles, pas esthétiquement parfaites, – ils ne considèrent pas que leur rôle s’arrête aux constats et aux vœux pieux.
Au total, ce que j’ai retenu d’Aix, c’est au fond une bonne nouvelle :
l’ensemble des économistes travaillent désormais sur les bouclages macro-économiques des sujets climatiques, comment financer la transition, avec quelles technologies, à qui en faire supporter le coût.
Et les entreprises rentrent vraiment dans l’opérationnel. En revanche, disons-le aussi, les solutions sont moins avancées sur la façon de résoudre les fractures sociales – au-delà de l’appel inévitable à revoir le système éducatif.
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