

Après Bordeaux, Lyon vient de décider de surtaxer les résidences secondaires pour libérer des logements. Le phénomène s’étend, puisque Nice ou Paris avaient déjà sauté le pas.
Pour mémoire, la loi autorise les villes à majorer la taxe d’habitation sur les résidences secondaires dans les zones sous tension immobilières et les régions très touristiques. Jusqu’en 2017, cette surtaxe était plafonnée à 20%, mais depuis, les élus peuvent pousser jusqu’à 60%. C’est ce que vient de faire la nouvelle équipe municipale à Lyon, en triplant la majoration. Soit 200 euros de plus en moyenne. A Bordeaux, le taux passe de 50 à 60%. Mais attention, il ne s’agit pas que d’initiatives de maires écologistes, des élus de tous bords hésitent de moins en moins à y recourir.
L’objectif est d**’inciter les propriétaires à vendre, pour libérer du foncier**, sachant que le parc de résidences secondaires ne cesse de croître – on en est à 15.000 à Lyon, près de 5% des logements. Et que nombre d’habitants peinent à se loger à des prix abordables.
Quelle efficacité ?
A peine 150 reventes à Lyon pour l’instant.
Mais à tout le moins, les élus espèrent dissuader d’autres non résidants d’acheter, afin d’enrayer le mouvement. Après, il y aussi un enjeu budgétaire. Car avec la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des Français, et d’ici 2023 pour les 20% restant, les maires n’ont plus guère de leviers pour remplir les caisses, hormis la taxe foncière. Lyon va engranger trois millions d’euros avec sa surtaxe d’habitation. Qui, au niveau national, représentait déjà 130 millions l’an dernier.
Bercy a heureusement mis des verrous : après 2023, toute hausse sur les résidences secondaires entraînera celle de la taxe foncière, qui touche tous les propriétaires. De quoi dissuader les maires d’aller trop loin.
Pourquoi ne pas les laisser faire ?
Politiquement, ces surtaxes aiguisent les tensions, le régionalisme, les réflexes anti-parisiens. Notamment au Pays basque, où les communes sont nombreuses à relever la taxe à 60% : Anglet, Urrugne, Ascain, Bayonne qui l’envisage. De fait, il y a déjà 40.000 résidences secondaires dans la région. Et cela exaspère les actifs obligés se loger de plus en plus loin.
Mais si les taxes montent trop, certains en feront leur résidence principale, exonérée, et rien ne sera réglé.
Par ailleurs, faire payer plus à des personnes qui bénéficient moins des services locaux, c’est paradoxal. Et le vrai problème, de toute façon, c’est la montée sans fin des prix de l’immobilier, qui ne se réglera pas avec des taxes mais avec des nouveaux logements. Et sur ce point, on attend toujours le choc d’offre promis par Emmanuel Macron.
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